La COP21 qui s’ouvre au Bourget le 30 novembre n’atteindra pas l’objectif d’éviter un réchauffement supérieur à 2 degrés. Mais un rapport de force avec les politiques existe à la faveur d’actions croisées, autonomes mais cumulatives.
Plus les Etats discutent de la lutte contre le changement climatique, plus le climat se dérègle. L’année 2015 sera la première année dont la température franchira le cap de 1 °C de réchauffement par rapport à la période préindustrielle, vient d’annoncer l’Organisation météorologique mondiale (OMM), dont on conseille la lecture à l’ex-monsieur météo de France 2 Philippe Verdier. Vagues de chaleur (dingue, le mois d’octobre en t-shirt), record d’émissions de gaz à effet de serre, inondations, hausse du niveau de la mer, acidification des océans…: il ne faut pas forcément être un expert du GIEC pour mesurer les effets concrets du dérèglement climatique. On le voit, on le vit, on le sent, on le sue. On est mal.
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Le climat est notre affaire
Mais de ce mal, nous ne savons que faire ni comment éradiquer sa profusion dans les veines d’une planète en surchauffe. Les cris d’alarme des climatologues ne produisent aucun écho en dehors de l’éveil fragile d’une prise de conscience de l’opinion publique mondiale : le manque de courage des politiques et le cynisme des multinationales responsables des émissions de gaz à effet de serre gâchent tout. Ils participent de ce crime climatique, dont nous sommes, même contre notre volonté, les acteurs complices. Le climat est notre affaire ; le drame, c’est que nous ne voulons pas le savoir, trop attachés que nous sommes à un modèle d’extraction des énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz) dont la raison voudrait qu’il s’achève.
En dépit des sommets de Rio en 1992, de Kyoto en 2005 et de Copenhague en 2009, la communauté internationale n’est jamais parvenue à s’accorder sur une politique efficace de réduction des émissions de gaz à effet de serre. La 21e conférence mondiale sur le climat (COP 21) qui s’ouvre au Bourget le 30 novembre se veut l’occasion de remédier à cette insuffisante volonté politique. Y parviendra-t-elle ? On peut en douter vu les signaux de la PreCop, qui réunissait à Paris début novembre des négociateurs obligés de déchanter : l’objectif d’éviter un réchauffement supérieur à 2 degrés ne sera pas rempli.
Une insurrection des consciences
Même si le principe d’un tel rassemblement n’est pas illégitime – comment croire aux actes politiques si on réfute aux Etats le droit de négocier entre eux ? -, il ne faudra rien attendre du Bourget qu’il produise un quelconque miracle. Car si les Etats s’attachent à la seule gestion des effets de la crise climatique, l’urgence voudrait aujourd’hui qu’ils s’attaquent à ses causes. Autrement dit, qu’ils posent les bases d’un nouveau paradigme économique : une révolution en somme, qui invite à développer les énergies renouvelables (solaire, éolien, énergies marines), initier un plan Marshall d’efficacité énergétique, favoriser l’économie collaborative, des modèle agricoles alternatifs (agro-écologie), mais aussi, juguler la toute-puissance de la finance… On en est loin.
Pour autant, un rapport de force avec les politiques existe à la faveur des actions croisées, autonomes mais cumulatives, de réseaux activistes, artistiques et intellectuels. A travers un travail sur les représentations, les imaginaires, les modes de pensée…, cette avant-garde de la sauvegarde de la planète oeuvre à une insurrection des consciences, à rebours des intérêts des entreprises du secteur fossile, des multinationales de l’agrobusiness, des institutions financières, sans parler des climato-négationnistes… Du côté des marges artistiques et des luttes activistes, le principe de responsabilité sera le genre humain. Celui qui prend soin de la terre qui l’a vu naître.
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