En hausse constante depuis mai dernier, le taux de chômage a atteint un nouveau record en novembre avec 4 244 800 demandeurs d’emploi, du jamais vu depuis 1999. Mois après mois, le ministre du Travail Xavier Bertrand s’exprime sur ces chiffres. Entre visions enthousiastes et désillusion, retour sur un an de commentaires ministériels.
En novembre 2010, Xavier Bertrand passe du poste de Secrétaire général de l’UMP à celui de ministre du Travail, de l’Emploi et de la Santé. Un nouveau job qui implique de commenter, mois après mois, les chiffres du chômage. Un exercice qui requiert un peu de créativité, pas mal d’optimisme et une bonne dose de pouvoir de conviction.
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• Fin 2010, la Positive attitude
Quand il arrive, en novembre 2010, les chiffres ne sont pas fantastiques, mais Xavier garde la Positive attitude, malgré une hausse du nombre de demandeurs d’emploi en Catégorie A de 0,8% en novembre et 1% en décembre 2010.
Novembre 2010 : « Le deuxième semestre 2010 aura en effet permis, malgré une reprise économique encore fragile, de stabiliser le nombre de demandeurs d’emplois. »
Décembre 2010 : « J’ai la conviction que le chômage peut baisser. Pour cela, j’ai une double priorité: l’emploi des jeunes et les chômeurs de longue durée. Je sais que les chiffres de décembre n’ont pas été bons, et on parlera de sortie de crise quand le chômage baissera de manière durable. Je note que le nombre de demandeurs d’emploi s’est stabilisé sur les six derniers mois. Le fait d’avoir réunifié le ministère du Travail et de l’Emploi est un atout, car cela permet de mettre immédiatement en œuvre les moyens pour être plus efficace. »
• Début 2011, Xavier Bertrand garde la tête froide
L’année 2011 commence plutôt bien avec une baisse respective de 0,7% et 0,1% pour janvier et février. Mais le ministre du Travail garde la tête froide, refuse de « se satisfaire » du résultat et ose à peine parler de chiffres « encourageants ».
Janvier 2011 : « La baisse du chômage aura été importante au mois de janvier. Je ne me satisfais pas de ce seul résultat, même s’il est bien meilleur que les mois précédents (…) il y aura sortie de crise lorsque le chômage baissera de façon durable mois après mois. »
Février 2011 : « Après les bons résultats enregistrés en janvier, ce deuxième mois consécutif de baisse globale du nombre de demandeurs d’emploi est encourageant (…) Cette baisse consécutive de deux mois donne une tendance attendue par tous les Français. »
• Printemps 2011 : une lueur d’espoir
Au printemps, les chiffres continuent à baisser (-0,8% en mars, -0,4% en avril). Xavier Bertrand est plein d’espoir, il ose même parler de « sortie de crise ». Un peu vite peut être.
Mars 2011 : « Avec la baisse du chômage, d’autres indicateurs (dynamisme de l’intérim et de l’emploi des cadres) montrent qu’on a amorcé une sortie de crise (…) Le premier objectif est de passer au plus vite, et en tout cas avant la fin de l’année, à un taux de chômage inférieur à 9% en métropole. »
Avril 2011 : « La tendance est à la baisse (…) On n’avait pas connu ça depuis le début de l’année 2008, c’est-à-dire avant la crise. Si vous y ajoutez la tendance pour l’emploi des jeunes qui est bonne, l’emploi des cadres qui s’améliore et les heures supplémentaires qui reprennent, on dessine une sortie de crise. »
• Retour à la (dure) réalité
L’éclaircie fut de courte durée. En mai, après quatre mois de baisse, le chômage repart à la hausse (+0,7% en mai, +1,3% en juin, +1,3% en juillet). Les deux premiers mois, le ministre refuse de se laisser abattre et essaie de nous convaincre que la hausse est passagère. Pour finalement commencer à s’avouer vaincu en juillet.
Mai 2011 : Xavier Bertrand a prit « acte de cette augmentation qui ne remet cependant pas en cause le mouvement de baisse enregistré depuis le début de l’année ». Il insiste sur le fait qu’il faut « redoubler d’efforts pour faire reculer le chômage ».
Juin 2011 : « Nous avons eu quatre mois de baisse et là nous avons eu deux mois de hausse (…). Je maintiens l’objectif que j’ai fixé de repasser en dessous des 9% à la fin de l’année. »
Juillet 2011 : « Quand il n’y a pas de croissance, c’est difficile de faire reculer le chômage (…) Je m’attends à des chiffres qui seront mauvais comme l’ont été ceux des deux mois précédents. »
• Fin 2011, la désillusion :
La hausse du taux de chômage marque une pause en août (-0,1%) pour mieux repartir par la suite (+0,9% en septembre, +1,2% en octobre, +1,1% en novembre). La situation n’est pas bonne et Xavier Bertrand ne sait pas trop quoi dire : tantôt il brode, tantôt il avoue à demi-mot que c’est mal barré, avec des explications très pertinentes du type « tant que c’est la crise, on ne sortira pas de la crise ». Afin de mieux faire passer la pilule, le ministre du Travail finit par brandir l’argument du « nous ne sommes pas les seuls ».
Août 2011 : « Malgré un net ralentissement de la croissance depuis plusieurs mois« , le ministre du Travail, a relevé une « évolution positive » sur le front de l’emploi. Il se dit « sûr » que « les efforts du gouvernement pour lutter contre le chômage allaient donner des résultats« .
Septembre 2011 : Xavier Bertrand « prend acte des mauvais chiffres liés au ralentissement de l’activité« . Il en profite pour rappeler la « mobilisation absolue » du gouvernement « sur le front de l’emploi, notamment en direction des jeunes ».
Octobre 2011 : « Les chiffres ne seront pas bons et chacun sait qu’ils ne peuvent pas être bons à cause d’une crise dont on ne sort pas encore et qui parfois même sur le terrain s’intensifie (…). Tant que la situation économique ne s’améliorera pas, je ne vois pas comment les chiffres de l’emploi pourront réellement s’améliorer. »
Novembre 2011 : « Le chômage n’est pas un problème franco-français. Il n’y a que l’Allemagne aujourd’hui qui voit son chômage reculer parce qu’ils ont fait des réformes de fond sur le marché du travail depuis dix ans et pendant dix ans (…). Cette crise, nous en sortirons, donc pendant ce temps, gardons les salariés plutôt que de s’en séparer. »
Bettina Braun
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