Jeudi 9 janvier, lors de l’émission Vous avez la parole consacrée à la réforme des retraites sur France 2, le ministre de l’Éducation nationale a dû faire face, le temps de quelques minutes, à une directrice d’école de Seine-Saint-Denis déplorant l’inaction du gouvernement.
Alors que plusieurs dizaines de milliers de personnes venaient de manifester le jour même dans toute la France, l’émission de France 2 Vous avez la parole est revenue, ce 9 janvier, sur la mobilisation contre la réforme des retraites. Une des intervenantes, Catherine Da Silva, directrice d’une école élémentaire de Seine-Saint-Denis et représentante du SNUIPP-FSU93, en a profité pour interpeller Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation, également présent sur le plateau, sur les conditions de travail des enseignants.
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“Comment voulez-vous qu’on vous croie quand vous nous parlez de revalorisation de nos salaires, quand vos premiers gestes ont été, finalement, de ne pas nous augmenter ?”, a répondu Catherine Da Silva au ministre qui venait de lui expliquer que la réforme des retraites avait pour vocation de rendre le système plus juste et “équitable” entre tous les français.
D’après elle, il est difficile de faire confiance à un gouvernement qui, depuis plus de deux ans, “continue à geler le point d’indice, qui permet de valoriser le salaire des enseignants et de la fonction publique” et qui a “reporté d’un an la petite augmentation obtenue du gouvernement précédent” [Najat Vallaud-Belkacem, alors ministre de l’Education avait annoncé, en 2016, une hausse de la rémunération des enseignants prévue pour 2020].
Catherine Da Silva ne se démonte pas face au ministre et lui rappelle qu’il a continué à geler le point d'indice et reporté d’un an l’augmentation mise en œuvre par Najat Vallaud-Belkacem. « Alors, comment vous croire aujourd'hui ? »
— Faïza Zerouala (@faizazrl) January 9, 2020
“Quand on est dans un pays comme la France, on se donne les moyens. Moi, [dans] mon quotidien, je vous le dis, ce n’est pas du tout cette impression que j’ai. Je n’ai pas l’impression que la France investit dans l’éducation” a-t-elle ensuite déclaré face au ministre, avant d’énoncer un certain nombre de contraintes auxquelles se confrontent les enseignants quotidiennement.
Après avoir rappelé que 700 contractuels étaient présents dans le 93, “des gens qui, finalement, ne sont pas formés et qu’on présente comme des enseignants qui vont former les futurs citoyens” selon elle, elle a évoqué des “collègues qui n’en peuvent plus” du fait de la “multiplication des tâches”, ainsi que le suicide, en septembre dernier, de Christine Renon, directrice d’école à Pantin.
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“On est dans une situation d’extrême souffrance”
La Seine-Saint-Denis connaissant de nombreuses difficultés, notamment en matière d’éducation, Catherine Da Silva a fait part des doutes qui envahissent aujourd’hui le corps enseignant vis-à-vis des promesses faites par le gouvernement : “On est dans une situation d’extrême souffrance à l’éducation nationale et ça fait deux ans et demi qu’on vous en parle, deux ans et demi qu’on attend de vous quelque chose et qu’on n’a pas été écoutés” affirme-t-elle alors à Jean-Michel Blanquer.
🔴 #VALP Spéciale #Grève9Janvier
« Nous sommes dans une situation d'extrême souffrance dans l'éducation nationale. » explique Catherine Da Silva, directrice d'école la colère des enseignants face au ministre de l'éducation @JMBlanquer. pic.twitter.com/kjW3Iae3Vu— Gábor Csuzdi (@CsuzdiG) January 9, 2020
Le ministre de l’Éducation nationale, qui affirme connaître la situation du département et en être “solidaire”, a tenté de répondre à la directrice. “Je pense que dans un cas comme le vôtre, on pourrait même dire que pendant ces deux ans et demi, il s’est passé beaucoup plus de choses que pendant les années précédentes” a-t-il déclaré, avant d’ajouter : “Sur le sujet de la rémunération, mais aussi des réformes spécifiques pour les réseaux d’éducation prioritaire, j’affirme que ce gouvernement a fait, au contraire, énormément.”
Une réponse qui n’a pas convaincu Catherine Da Silva, qui a ensuite reproché au gouvernement de ne pas avoir consulté les enseignants lors de la mise en place de la réforme des effectifs des classes de primaire : “On souhaitait une baisse d’effectifs dans toutes les classes. Pardonnez-moi mais, quand les enfants sont à 12 en CP, 12 en CE1 et qu’ils se retrouvent à 24 en CE2, je ne vois pas d’amélioration.”
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