Le quotidien américain The Boston Globe a cherché à comprendre qui se cachait derrière Ali Julia, la mystérieuse numéro un du top des meilleurs critiques de produits d’Amazon. Plongée dans le monde étrange et sournois des stars du site
Ali Julia est puissante sur la toile. Très puissante même. Non pas parce qu’elle pirate à la chaîne des serveurs en tout genre, ou qu’elle invente des logiciels révolutionnaires. Non. Ali Julia est plus terre à terre. Elle ne fait que commenter la qualité des produits qu’elle commande sur Amazon. A un rythme imbattable.
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Cette femme est la numéro 1 des critiques sur le site du géant américain de la vente en ligne, avec pas moins de 2800 critiques publiées depuis 2008. Le quotidien américain The Boston Globe s’est penché sur ses commentaires, et les a décortiqués pour établir la personnalité de la reine des commentatrices Outre Atlantique. Une bonne occasion aussi de plonger dans le monde sans pitié des utilisateurs les plus influents d’Amazon.
Chasse au trésor virtuel
Vous vous souvenez quand vos parents vous infligeaient d’affreuses leçons de morale parce que vous postiez trop de détails intimes sur votre Skyblog d’adolescent? Les utilisateurs d’Amazon les plus hyperactifs pourraient bien avoir le même type de problèmes. A force de laisser ses critiques sur de nombreux produits, ces usagers éparpillent un peu partout des petits morceaux de leur identité. Il est alors possible de dessiner leur portrait numérique en rassemblant ces détails.
C’est ce que le Boston Globe s’est amusé à faire avec la vie d’Ali Julia. Sa biographie virtuelle n’est pas très étoffée. La critique en chef indique seulement qu’elle réside à Boston et qu’elle est ingénieur. On ne connaît ni son vrai nom, ni son âge. Pour la connaître il faut disséquer ses 2800 critiques.
Ali Julia : 1m57, ingénieure, passionnée de tricot avec une ampoule persistante
Verdict : Ali Julia fait 1m57. Elle conduit une Honda CR-V. Elle a souvent les yeux secs, une ampoule sur un orteil qui ne veut pas s’en aller. Et puis elle a aussi très mal au dos. C’est d’ailleurs après une opération qu’elle a commencé à imposer son nom sur la toile, comme le rappelle le Boston Globe. Elle a débuté sa carrière sur Amazon en notant les ustensiles médicaux qu’elle utilisait dans le cadre de sa convalescence.
L’utilisatrice se démarque par des commentaires toujours précis, détaillés et agrémentés par des anecdotes personnelles, des qualités indispensables pour grimper dans le top des critiques du site. Elle est toujours calme, et objective. Sauf lorsqu’on lui parle de tricot. Là ses nerfs peuvent être mis à rude épreuve. Le Boston Globe parle d’un « sock incident », l’incident de la chaussette. Un livre lui promettait d’apprendre à tricoter deux chaussettes en même temps. Que nenni. Ali Julia a eu beaucoup de mal, trop mal. Et elle l’a fait savoir.
Critiquer sur Amazon : Un hobby qui rapporte gros
Comme l’explique le quotidien américain, être le roi ou la reine des critiques d’Amazon n’est pas si inutile que cela pourrait paraître. Et Ali Julia est bien plus puissante qu’on ne pourrait le croire.
Au sommet de la hiérarchie, les utilisateurs sont aussi bien traités que les blogueurs à succès. Les entreprises qui cherchent à promouvoir leurs produits les savent influents, et cherchent à attirer leur critique. Ils leur envoient donc de nombreux colis gratuitement, dans l’espoir que ces commentateurs à succès se décident à publier ce qu’ils pensent de tous ces petits cadeaux.
L’espace commentaires : univers impitoyable pour téméraires anonymes
De quoi susciter les jalousies, la haine, et même la violence. Le Boston Globe a déniché le témoignage de Mandy Paine, 45 ans, la numéro 10 du top. Rencontrer un tel succès sur Amazon n’est, pour elle, pas qu’une partie de plaisir: « Je reçois des mails de haine. J’ai eu des menaces de mort ». La numéro 4, Joanna Daneman, 63 ans, confirme mais reste déterminée : « Nous sommes des cibles, bien sûr. Tout le monde le sait. Il faut juste rester calme et continuer à commenter ». D’ailleurs, pour elle, les violentes altercations entre utilisateurs sont logiques : « C’est notre caractéristique nationale. Nous sommes des compétiteurs ».
Etre critique à succès peut aussi conduire à une certaine forme de dépendance, comme en témoigne la 10ème du classement américain : « C’est comme fumer. Vous n’arrêtez pas de dire que vous allez arrêter demain ». Et pourtant, impossible lorsque l’on reçoit des dizaines de produits gratuits chez soi chaque jour, de quoi meubler une maison entière sans débourser un centime. Pratique.
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