Dans les Landes, un artisan-boulanger va passer devant la justice parce qu’il est ouvert sept jours sur sept. Défendu en masse par les politiques de droite, Stéphane Cazenave relance le débat sur la flexibilité du travail au gouvernement.
Dans les Landes, un artisan-boulanger va passer devant la justice parce qu’il est ouvert sept jours sur sept. Défendu en masse par les politiques de droite, Stéphane Cazenave relance le débat sur la flexibilité du travail.
La droite a volé à son secours. Un boulanger de Saint-Paul-lès-Dax (Landes) a été contraint de fermer son commerce un jour par semaine pour se conformer à la loi, après deux visites de l’inspection du travail. La boulangerie de Stéphane Cazenave était jusqu’ici ouverte sept jours sur sept. En quelques jours, il est devenu, pour les politiques de droite, l’homme à défendre, symbole d’une France que l’on « empêche de travailler« .
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« Une épée de Damoclès au-dessus de ma tête »
Egalement Lauréat de la meilleure baguette tradition, Stéphane Cazenave a raconté au journal Sud Ouest son incompréhension.
« Quand j’ai ouvert ma boulangerie-pâtisserie il y a trois ans et demi, j’ai décidé de ne jamais fermer. Je savais qu’on avait cet arrêté préfectoral au-dessus de la tête, comme une épée de Damoclès. […] Je suis un peu dépassé par tout ce bruit et conscient que mon cas peut-être récupéré politiquement, mais pas fâché que ça puisse ouvrir un débat que je sollicite depuis des mois« .
Si l’ouverture de sa boulangerie sept jours sur sept n’entrave pas la liberté de ses 22 salariés, qui bénéficient de deux jours de repos par semaine, Stéphane Cazenave a néanmoins calculé les risques pour son commerce: en fermant sa boutique chaque lundi, son chiffre d’affaires diminuerait de 250.000 euros par an et amènerait au licenciement d’un ou deux salariés.
NKM lance une pétition
Vite récupérée par la droite, l’affaire de ce boulanger landais a pris en quelques jours une ampleur burlesque. François Fillon a apporté « tout son soutien » à Stéphane Cazenave dans un billet posté sur son blog. « Que le travail puisse dans notre pays être considéré comme un délit et la passion d’un artisan ainsi bridée doit nous alerter sur l’absurdité de notre système« . Il est vite rejoint ce mercredi par François Bayrou, qui évoque une mesure « inacceptable » au micro de Radio Classique et LCI (2’10 sur cette vidéo).
C’est avec une pétition que Nathalie Kosciusko-Morizet a rallié la défense du boulanger hier. La requête, nommée « Laissez Stéphane Cazenave travailler » a été postée hier sur change.org. Selon le politologue Olivier Rouquan, que nous avons contacté, son initiative vient renforcer le désir de l’UMP de se repositionner sur le débat économique et social :
« C’est un débat plus large sur les questions de la flexibilité du travail et de la croissance. Cette affaire renvoie directement à la loi Macron sur le travail du dimanche. La droite en profite pour s’affirmer chaque fois un peu plus, défendre la liberté de commercer et essayer de faire sauter les verrous posés par les lois pour protéger les salariés. Ce genre d’affaires permet aussi à la droite de faire oublier le débat du FN et des débats internes plus douloureux au sein de l’UMP. »
Les syndicats montent au créneau
Interrogé sur RTL au sujet du boulanger des Landes, le nouveau secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a donné raison à la préfecture, qui impose depuis 1999 aux boulangeries une fermeture de 24 heures consécutives. Jean-Pierre Crouzet, président de la Confédération nationale de la boulangerie-pâtisserie, a lui aussi défendu un jour chômé auquel les boulangeries sont « attachées » : « Ce n’est pas pour empêcher les gens de travailler mais c’est pour trouver des équilibres, promouvoir la qualité des produits ».
Stéphane Cazenave, nouveau héros des libéraux, risque au minimum une amende de 1500 euros, majorée en cas de récidive – c’est le cas ici.
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