L’extrême droite américaine ne se cache plus ou si peu. Tout particulièrement visible depuis la manifestation de Charlottesville, opposant militants antiracistes et des groupuscules d’extrême droite, l’alt-right se voit désormais banni par nombre de grandes plateformes. A commencer par Twitter, qui, avec la complicité du compte “Yes, You’re Racist“, a lancé une véritable campagne de […]
Depuis la manifestation de Charlottesville, les suprémacistes se voient massivement bannis par les grandes plateformes comme Google, Facebook ou Twitter. Ce qui les pousse désormais à créer leur propre écosystème, avec plus ou moins de réussite.
L’extrême droite américaine ne se cache plus ou si peu. Tout particulièrement visible depuis la manifestation de Charlottesville, opposant militants antiracistes et des groupuscules d’extrême droite, l’alt-right se voit désormais banni par nombre de grandes plateformes. A commencer par Twitter, qui, avec la complicité du compte « Yes, You’re Racist« , a lancé une véritable campagne de nettoyage, traquant tous les extrémistes présents durant les violences en Virginie. De sorte que pléthore de suprémacistes, identifiés et dénoncés, ont vu leur compte Twitter tout bonnement supprimé.
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Toutefois, les sévices de Charlottesville ne sont pas les seuls et uniques événements déclencheurs. Avant la manifestation, Airbnb avait ainsi annulé des réservations de logements dans la région. La plateforme de location avait indiqué qu’elle « demandait aux membres de sa communauté d’accepter les gens quels que soient leur race, leur religion, leur nationalité, la couleur de leur peau, leurs handicaps, leur sexe, leurs orientations sexuelles ou leur âge ». Des valeurs pas franchement en adéquation avec les prises de position des suprémacistes… Qui se sont vus refuser tout pied-à-terre.
Rejet général
Très vite, la plupart des grandes plateformes, craignant d’être associées à ces mouvements extrémistes, ont rejoint le mouvement en balayant devant leur porte. Reddit a fermé des forums aux sujets controversés, Spotify a banni des groupes appelant ouvertement à la haine, et Paypal a déclaré qu’il faisait tout pour « s’assurer que ses services n’étaient pas utilisés pour effectuer des paiements ou des dons en faveur d’activités faisant la promotion de la haine, de la violence ou du racisme. »
Un mouvement anti-alt-right qui a même atteint les sites de rencontres comme OkCupid, qui a éjecté le profil du suprémaciste blanc Chris Cantwell. « Chez OkCupid nous prenons les droits fondamentaux de chacun très sérieusement« , a déclaré son PDG Elie Seidman. Avant d’ajouter : « le privilège d’appartenir à la communauté d’OkCupid ne s’étend pas aux nazis et aux suprémacistes. »
We were alerted that white supremacist Chris Cantwell was on OkCupid. Within 10 minutes we banned him for life.
— OkCupid (@okcupid) 17 août 2017
Il en faudrait cependant bien plus pour décourager les suprémacistes, qui ont trouvé refuge vers des plateformes plus confidentielles dans des pays où il est plus difficile d’agir, comme en Russie. Même si la technique n’est pas forcément gage de réussite. Témoin, le site The Daily Stormer – dont le fondateur, Andrew Anglin, clame ouvertement son admiration pour Adolf Hitler – qui a ainsi navigué en eaux troubles. D’abord fermé par l’hébergeur américain GoDaddy, le site a changé d’adresse avant d’être bloqué une nouvelle fois par Google. La troisième tentative, sous un nom de domaine russe, a été tout aussi malheureuse.
Ecosystème sur mesure
Ne restait plus qu’à l’extrême droite américaine à se créer ses propres infrastructures. Des sites de niche, à l’audience plus que réduite mais qui leur permettent de communiquer librement tout en échappant à une certaine surveillance. Mais même cette alternative s’annonce finalement peu fructueuse. Figure de proue de ce nouvel écosystème, Gab (soit « bavardage »), qui se définissait comme « réseau social de la libre pensée ».
Après la campagne présidentielle de 2016, moult membres d’extrême droite avaient migré vers ce service créé par Andrew Torba, un businessman soutenant, sans surprise, Donald Trump. Une échappatoire qui n’est finalement pas passée sous le nez des géants d’internet, puisque Gab a vu son application disparaître de la boutique Google Play sur Android. L’e-store aurait été alerté par un pic de messages d’extrême droite. Tandis que des profils Facebook et Instagram d’autres groupes néonazis, justement repérés sur Gab, ont été bloqués dans la foulée.
Autre terre d’asile de la mouvance d’extrême droite, Hatreon, plateforme de financement participatif très largement inspiré (pour ne pas dire calqué) de Patreon. A la différence qu’ici, son créateur n’a pas pour ultime ambition d’aider les musiciens et cinéastes en devenir mais de mettre au point un procédé pour fabriquer des armes par imprimantes 3D… Même s’il reste fort à parier que le site, à l’instar de tous les autres, finira un moment ou un autre par alerter les autorités.
D’obscurs mécènes
En attendant, les interfaces constituant cet « internet parallèle » ne cessent de se multiplier, avec plus ou moins de succès. Ainsi, la plateforme de crowdfunding préférée de l’ultradroite américaine, WeSearchr, multiplie les records de dons quand il s’agit de défendre ses idées extrémistes ou d’enterrer politiquement Hillary Clinton, visiblement némésis ultime des internautes qui vident leurs poches afin de la voir choir. Outre les projets pour abattre la réputation de la démocrate, WeSearchr a tout de même amassé plus de 200 000 dollars (environ 170 000 euros) pour effectuer une mission au large des côtes libyennes et dissuader les migrants de partir pour l’Europe.
Reste à savoir qui finance véritablement tous ces sites. Certains évoqueraient des grands noms de la Silicon Valley, bassin d’audience des plateformes extrémistes s’il en est, et qui ne manque pas de soutien de Donald Trump tel que Peter Thiel, l’un des fondateurs de Paypal. Selon Libération, la mission libyenne menée par WeSearchr n’aurait pu se faire sans le soutien d’un ancien leader du Ku Klux Klan. A l’image des sites qu’ils financent, il semblerait finalement que ces “généreux mécènes” soient tout aussi obscurs…
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