Les inégalités sociales sont constamment produites et reproduites à travers des processus culturels complexes. C’est ce que révèle Michèle Lamont, professeure de Sociologie et d’African-Americain Studies à Harvard University, invitée de l’émission “La suite dans les Idées”, sur France Culture, le 13 juin dernier. Son dernier livre publié en France, La dignité des travailleurs : exclusion, […]
Les inégalités sociales sont constamment produites et reproduites à travers des processus culturels complexes. C’est ce que révèle Michèle Lamont, professeure de Sociologie et d’African-Americain Studies à Harvard University, invitée de l’émission « La suite dans les Idées », sur France Culture, le 13 juin dernier.
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Son dernier livre publié en France, La dignité des travailleurs : exclusion, race, classe et immigration en France et aux USA (Presses de Sciences Po) est une enquête ethnographique comparative entre des ouvriers blancs et noirs américains et des ouvriers français.
Ses recherches portent sur ces dynamiques dans pays, démontrant les logiques de radicalisation et de stigmatisation, mais aussi de standardisation et d’évaluation. Pour Michèle Lamont, on assiste à une segmentation des groupes sociaux : les classes moyennes supérieures sont de moins en moins en contact avec d’autres classes sociales. Certes, les médias donnent une représentation des autres groupes mais c’est très différent de la réalité.
En France, il y a une vraie « tension entre l’idéologie nationale du républicanisme et la réalité au sol que ressentent les minorités », explique la sociologue. La méritocratie n’est pas forcément un mythe vrai, « il existe en réalité beaucoup de chemins par lesquels les gens sont détournés de ce grand espoir », déplore Michèle Lamont.
« Un travail de redéfinition de la réalité »
Pour comprendre comment l’inégalité se développe, il faut aussi prendre en compte la rationalisation, la stigmatisation, l’évaluation, la modernisation… « Des processus qui ouvrent et qui ferment des possibilités » analyse Michèle Lamont.
« Il faut adopter des politiques de dé-stigmatisation, comme la légalisation du mariage homosexuel. On reconnaît ainsi aux homosexuels une existence légale en tant que citoyens », préconise la sociologue.
Dans le cas français, les sciences sociales vont participer à ces processus de dé-stigmatisation. Mais elles ne peuvent agir seules. Les groupes sociaux doivent se mobiliser. « C’est un travail de redéfinition de la réalité » conclue Michèle Lamont.
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