Selon le Comité national contre le tabagisme, les cigarettiers truqueraient les tests de leurs produits grâce à des micro-perforations dans les filtres. Une affaire qui fait écho au scandale Volkswagen, survenu en 2015.
Après le « dieselgate » pour Volkswagen, voici le « tobaccogate » pour British American Tobacco, Philip Morris, Japan Tobacco et Imperial Brand. Comme le rapporte nos confrères du Monde, le Comité national contre le tabagisme (CNCT) a déposé une plainte auprès du procureur de la République début février. En cause ? La différence entre les taux officiels de nicotine et de goudron et ceux réellement absorbés par les fumeurs. Les quatre groupes de cigarettiers sont poursuivis pour « mise en danger délibérée de la personne d’autrui ».
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Des taux officiels truqués ?
Selon la plainte du CNCT, ces derniers abaisseraient le taux des substances nocives aux tests réglementaires grâce à un procédé de micro-perforations dans les filtres. Les taux officiels seraient en réalité largement inférieurs à la réalité. « La teneur réelle en goudron et nicotine serait, selon les sources, entre deux et dix fois supérieure à celle indiquée pour le goudron et cinq fois supérieure pour la nicotine« , selon la CNCT.
La plupart des cigarettes sur le marché dispose de micro-perforations dans leur filtre. Une technique qui permet de mieux ventiler la fumée, et éviter d’inhaler les substances nocives. Un procédé efficace avec une machine à fumer réglementaire, qui permet de fixer le taux officiel de nicotine, de goudron et de monoxyde de carbone d’une cigarette.
La cigarette encore plus nocive qu’on ne le croit
Or, ces micro-perforations ne fonctionneraient pas lorsqu’un humain fume ; les doigts et les lèvres obturent ces aérations. En résulte un taux de substances nocives bien supérieur à ce qu’il était indiqué sur les paquets jusqu’en 2016, année durant laquelle le conditionnement neutre est devenu obligatoire. « Les fumeurs qui pensent fumer un paquet par jour en fument en fait l’équivalent de deux à dix », explique l’association au Monde.
De plus, comme ces substances sont particulièrement cancérigènes, les risques pour la santé qui découlent du tabagisme sont bien supérieurs. Une tromperie pour le consommateur, que les fabricants de cigarette connaissent depuis bien longtemps.
Une pratique bien connue des cigarettiers
En 1982, plusieurs fabricants de cigarettes ont attaqué en justice le groupe British American Tobacco. Celui-ci venait de commercialiser une cigarette de marque Barclay dite « très légère »; 1 milligramme de goudron et 0,2 mg de nicotine.
« Si les indications figurant sur les emballages de la cigarette Barclay sont exactes lorsque la cigarette est testée au moyen d’une machine standardisée, ces résultats sont totalement différents lorsque la cigarette Barclay est fumée par une bouche humaine; les lèvres du fumeur vont partiellement ou totalement recouvrir l’orifice des quatre canaux périphériques dont est muni le filtre. L’air extérieur conduit par lesdits canaux ne pénètre pas dans la bouche du fumeur. (…) Il en résulte que le phénomène de la dilution, qui est déterminant pour abaisser la teneur en goudron et en nicotine de la cigarette, ne s’effectue plus que partiellement ou pas du tout », expliquaient alors les cigarettiers qui avaient engagé les poursuites. Une dénonciation qui se retourne aujourd’hui contre une grande partie de l’industrie du tabac.
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