“Cash Investigation” s’attaque à l’univers des logements sociaux dans son prochain numéro diffusé sur “France 2” le 23 avril.
“Il est où le social ?” Il est vrai qu’après le visionnage du nouveau numéro de Cash Investigation, on se pose la même question que cette habitante d’un HLM de Seine-Saint-Denis. Dans Sociétés HLM : loyers modérés pour business démesuré, diffusé sur France 2 le 23 avril, les travers des bailleurs sociaux, ces incontournables du logement social en France, défilent sous nos yeux… dépités. Corruption, charges exorbitantes, achat illégal de propriétés : il s’en passe des choses dans le monde merveilleux des HLM.
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De Marseille à Aubervilliers, la journaliste Sophie Roland, qui réalise là son premier film pour Cash Investigation, et toute l’équipe ont enquêté pendant un an. Privés ou publics, les bailleurs sociaux possèdent des habitations qu’ils proposent, avec des loyers modérés, les fameux HLM, aux personnes les plus modestes. Au-delà de leur mission sociale, c’est aussi un incroyable business : 10 millions d’habitants et surtout 21 milliards de chiffre d’affaires pour le logement social en France.
Des enveloppes de 2 000 ou 3 000 euros pour un appartement
Tant d’argent, ça finit par attirer les convoitises. D’autant que le marché est saturé : 1,8 million de demandeurs sont en attente de logement. C’est un secret de polichinelle dans le milieu : pour obtenir un logement rapidement, une enveloppe peut parfois suffire à faire passer son dossier tout en haut de la pile. C’est ce que découvre la journaliste dans les résidences de l’Immobilière Moulin Vert à Aubervilliers. Plusieurs témoignages se succèdent. Contre 2 000 ou 3 000 euros en cash, une chargée de clientèle s’arrangeait pour faire avancer les dossiers beaucoup plus rapidement. L’habituelle course-poursuite d’Elise Lucet – quoique cette course-ci semble particulièrement sportive – n’aura pas suffi à obtenir un entretien avec le grand patron du bailleur social, mais une directrice de la clientèle, sourire Colgate et langue de bois.
Les HLM sont classés en quatre catégories selon les revenus des familles. En Seine-Saint-Denis, les bailleurs, sous prétexte de faire de la mixité sociale, ont construit trop de HLM “haut de gamme” (PLS) plus rentables pour eux car plus chers. Mais ces logements peinent à se remplir, car ils sont hors de prix pour les habitants locaux.
Achat d’un terrain à 24 millions d’euros
L’enquête nous mène dans les Bouches-du-Rhône, pour s’atteler à une question technique : les charges récupérables. Ce terme un peu flou désigne les salaires du personnel d’entretien des résidences HLM, dont une partie peut être payée par les locataires. Parfois même sans que les services soient réellement effectués. Un bailleur sur cinq a été épinglé par l’Ancols, l’organisme chargé de la surveillance du milieu, pour une surfacturation de ces charges. Une fois n’est pas coutume, certains locataires de l’entreprise Sogima, un bailleur social de la région marseillaise, ont pu être remboursés. Mais pas tous.
Dernière étape de l’enquête : l’achat, par le bailleur social Vilogia, d’un hôtel, mais aussi d’un terrain à 24 millions d’euros dans le but de faire de la spéculation immobilière. Problème : c’est illégal pour un bailleur social. Alors après cette plongée dans le monde de l’immobilier social et à l’instar de Cash Investigation, on ne pourra pas finir autrement qu’en laissant le mot de la fin au chanteur Renaud : “Putain ce qu’il est blême, mon HLM”.
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