Un quotidien italien lâche que Mohamed Merah aurait pu se rendre en Israël en coordination avec la DGSE, les services secrets français. Des sources du monde du renseignement jugent l’information peu crédible. Quant à la DGSE, elle précise aux Inrocks que le journaliste italien n’a pas cherché à la joindre.
A 11h11 ce matin, dans une rubrique intitulée « ça reste à vérifier », le site Arrêt sur images relaie prudemment une information potentiellement brûlante. Mohamed Merah, le tueur présumé de Toulouse et Montauban, se serait rendu en Afghanistan et en Israël avec la caution de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) en échange de la fourniture d’informations. Sortie la veille, l’information émane du quotidien italien IL Foglio. Un passage de l’article d’IL Foglio disait ceci :
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« Selon des sources au sein des services de renseignement qui ont parlé avec ll Foglio, la Direction générale de la sécurité extérieure (…) a obtenu pour lui (Mohamed Merah) – en le présentant comme un informateur – une entrée en Israël en septembre 2010, via un poste de contrôle à la frontière avec la Jordanie. (…) Son entrée en Israël, couverte par les Français, visait à prouver au réseau djihadiste sa capacité à passer à travers la frontière avec un passeport européen. »
Joint au téléphone par les Inrocks, Nicolas Wuest-Famose, porte parole de la DGSE, nous répond que:
« La DGSE ne s’exprime ni sur ses sources, ni sur ses opérations, réelles ou supposées » en précisant que le journaliste italien « n’a même pas cherché à joindre la DGSE pour vérifier ou infirmer son information« .
Une source des services de renseignement nous assure par ailleurs que Mohamed Merah en informateur de la DGSE « est une information ridicule et peu crédible« . Même son de cloche du côté d’Alain Chouet, ex chef du service de sécurité et de renseignement de la DGSE. Livrant ses réflexions au magazine La Vie, il « imagine mal » que « Mohamed Merah, avec le profil psycho-pathologique qui était le sien, ait pu travailler pour la police. »
Ce n’est pas l’avis d’Yves Bonnet, ex patron de la Direction de la surveillance du territoire (DST), qui répondait à la Dépêche du Midi :
« Ce qui interpelle, quand même, c’est qu’il était connu de la DCRI non pas spécialement parce qu’il était islamiste, mais parce qu’il avait un correspondant au Renseignement intérieur. Or avoir un correspondant ce n’est pas tout à fait innocent. Ce n’est pas anodin. »
Auprès de l’AFP, Bernard Squarcini, le patron de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), dément catégoriquement. Selon lui, Mohamed Merah n’était « ni un indic de la DCRI ni d’autres services français ou étrangers« . Lundi, l’article de IL Foglio ajoutait:
« Pas de confirmation officielle, mais confirmation indirecte hier dans le journal Haaretz, citant des sources du Shin Bet, les services secrets israéliens. »
En fait, Haaretz n’évoque pas la DGSE dans ses colonnes. En revanche, le journal israélien relate le passage supposé de Mohamed Merah en Israël, courant septembre 2010. « Selon le Shin Bet« , dit l’article d’Haaretz, Mohamed Merah serait arrivé en Israël avec un visa touristique par le pont Allenby qui relie la Jordanie à la Cisjordanie.
Un contrôle à la frontière du tueur présumé n’aurait alors révélé « aucune information suspicieuse« . Mohamed Merah serait ensuite resté sur place trois jours. Au passage, le journal israélien explique que sa source « ne peut pas confirmer que Merah a été arrêté en Israël avec un couteau« , comme l’affirmait à Libération un commissaire de la DCRI.
Contactée par les Inrocks, l’ambassade d’Israël en France indique qu’il n’y a encore aucune confirmation officielle de la part de son gouvernement pour toutes les informations relatives à son territoire, « mais cela devrait venir dans quelques heures« .
Geoffrey Le Guilcher
A voir également: le récit en images des 32 heures de siège
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