Hier moquées, ces techniques de relaxation profonde suscitent aujourd’hui un véritable engouement dans l’Hexagone. Explications.
“Inspirez… respirez”, murmure, de sa voix grave et apaisante, Clotilde Chaumet. “Vous êtes exactement là où vous devez être ce soir.” Assise en tailleur au rez-de-chaussée de l’espace Lafayette Anticipations, la Parisienne a devant elle quatre bols faits de cristal quartz et de pierres précieuses, qu’elle fait « chanter » en glissant sur leur pourtour un large bâton. Face à elle, une cinquantaine de personnes confortablement installées au sol, plongées dans un état de demi-sommeil. “On appelle ça l’état Theta, nous précise-t-elle. Soit l’état de sommeil paradoxal.
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Fondatrice du projet TIHHY (Très Intense Hip-Hop Yoga) et coach chez Dynamo Cycling, la sportive de 29 ans est ce soir en plein sound bath, soit « bain sonore » en français : une expérience méditative à la fois douce et profonde, qui transporte les participants dans un état de relaxation intense. “Les fréquences et les vibrations provoquées par les bols vont agir sur les chakras pour restaurer le corps, le mental et l’esprit, en permettant une méditation totale avec une sensation immense d’apaisement”, décrypte Clotilde Chaumet. “Chaque bol correspond à une note de musique et à un chakra – il existe d’ailleurs autant de notes de musique que de chakras.”
Très populaires en Californie, où la jeune femme s’est formée aux côtés Jeralyn Glass et Susy Markoe Schieffelin, ces bains séduisent aujourd’hui de plus en plus de Français. Peu pris au sérieux il y a encore une poignée d’années, ils sont désormais proposés dans de nombreux studios de yoga parisiens, dans des instituts spécialisés comme Zen and Sounds, mais aussi chez certaines entreprises désireuses d’améliorer le quotidien de leurs employés.
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Des techniques utilisées dans des hôpitaux
A l’heure où les salariés français sont parmi les plus stressés d’Europe, ce genre de techniques utilisées depuis des millénaires à des fins méditatives et thérapeutiques (et qui peuvent d’ailleurs se pratiquer avec d’autres instruments, tels que les gongs ou les bols tibétains), est prisé. “D’autant que contrairement à d’autres pratiques méditatives, il suffit juste de s’allonger et de profiter”, note Justine, une habituée des sound bath.
Interrogé par Le Monde en 2018, le physicien Patrick Drouot, auteur du Guide pratique de la cohérence cardiaque, confirmait les bienfaits de ces bains sonores : « Ces sons, qu’on appelle ‘cohérents’, induisent un ralentissement des ondes cérébrales. On quitte l’activité ordinaire, d’environ 20 Hz, pour descendre vers 8 à 10 Hz, premiers stades méditatifs. Cela favorise la synchronisation des hémisphères droit et gauche du cerveau, ce qui stimule les capacités cognitives.”
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Autre point fort, toujours selon le spécialiste : l’augmentation de la production de l’ocytocine, l’hormone de l’amour, de la confiance et du lien social, mais aussi celle des enképhalines et des bêta-endorphines, considérées comme les hormones du bien-être. D’où l’utilisation de ces bols chantants et de leurs vibrations dans des hôpitaux pour traiter certaines maladies (on parle alors de sound healing, soit la guérison par le son), comme nous le démontrait le documentaire Heal de Kelly Noonan (2017).
“De plus en plus, j’en suis convaincue, nous allons nous tourner vers le son et notre propre corps pour améliorer notre bien-être, conclut Clotilde Chaumet. Nous entrons dans une époque où nous avons besoin de nous reconnecter avec nous-mêmes.”
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