Elle fait la pluie et le beau temps de millions de personnes qui suivent religieusement ses prédictions. Cartographie de l’influence cosmique d’une astrologue devenue gourou.
Gifs de bougies qui datent du web 1.0 et liens en Times New Roman bleu sur fond noir… Le site astrologyzone.com de Susan Miller semble complètement ringard. Il est pourtant devenu incontournable aux Etats-Unis, comptabilisant 6,5 million de visiteurs uniques par mois et 20 million de pages vues. De will.i.am, aux starlettes de Los Angeles, en passant par monsieur et madame toute le monde, les admirateurs de l’astrologue sont nombreux, fidèles et un peu accros.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Une carrière prophétisée
Susan Miller, « un petit bout de femme avec une peau parfaite et des mains d’enfant, […] dont ceux qui la connaissent sont probablement tous des fans« , selon le New York Magazine, n’a pas toujours été aussi populaire. Mais sa vocation remonte a très loin, comme elle l’a raconté à The Verge :
« Ma mère me disait toujours que je commencerai ma carrière en écrivant. Je lui répondais que personne n’écrivait dans notre famille. Elle me rétorquait que nous allions travailler à mon écriture et que, quand je grandirai, un nouveau moyen de communication quelconque serait inventé, tellement innovant qu’on ne connaissait pas encore son nom, qu’il changerait la façon dont je travaillerai, et deviendrai la voie que j’utiliserai pour offrir ma contribution au monde. Je n’ai jamais oublié ce qu’elle m’avait dit. »
Elle commence pourtant sa carrière comme agent de photographes professionnels. C’est ainsi qu’elle côtoie certains des dirigeants de médias qui lui feront faire ses premières rubriques quelques années plus tard. En 1996, elle découvre Internet et achète le nom de domaine astrologyzone.com, réalisant la prophétie de son enfance.
« Je signerai plus tard, Susan déconseille de signer des contrats pour le moment »
Depuis, tous les mois, elle publie gratuitement environ 35 000 prédictions pour chaque signe astrologique, soit 430 000 par an, destinés à une communauté d’adeptes toujours plus nombreuse. « Pour mettre ce nombre en perspective, c’est l’équivalent en volume, […] des quatre premiers tome de ‘Harry Potter’ ou de la quasi intégralité de ‘Guerre et Paix’ de Tolstoï » selon The Atlantic. Un sacré pavé donc, qui, associé à ses neuf livres et ses publications mensuelles dans dix journaux (dont Elle), en font une des auteurs les plus prolifiques qui soit, explique le magazine en ligne. Prolifique oui. Mais surtout influente.
Ainsi Bavy Smith (la Christina Cordula américaine ndlr), a confié au New York Magazine une anecdote représentative de l’ascendant de l’astrologue :
« J’étais en négociations pour la création d’un programme TV, et le contrat m’est revenu pendant une période à laquelle Susan avait clairement dit qu’il ne fallait rien signer. J’ai appelé mon agent pour lui dire ‘Préviens les que je signerai plus tard, parce que Susan Miller déconseille de signer des contrats pour le moment.[…] Ils comprendront, ils sont de Los Angeles.’«
Une BFF auto-proclamée
Au-delà de la quantité de travail qu’elle abat, c’est surtout la sincérité de Susan Miller qui semble lui valoir sa popularité. Elle répète souvent qu’elle a une « mission« , de « venir en aide à ses lecteurs« . Tous les mois, elle collecte ses informations astronomiques auprès de la NASA, à partir desquelles elle fait des mathématiques, avant d’interpréter les résultats. Convaincue de l’efficacité de sa méthode, elle répète souvent qu’elle a « toujours cru à ses calculs« , et que « l’important dans l’astrologie ce n’est pas la divination, mais la géométrie« . Comme dans ce tweet en réponse à un de ses 200 000 followers, « sidéré » par la précision de ses prévisions :
.@Shrev22 I always have to trust the math I do. Love your feedback, thank you! Astrology is all about geometry, nothing psychic.
— Astrology Zone (@astrologyzone) April 2, 2015
Pour la rédactrice en chef de Glamour aux Etats-Unis, qui ne croit pas aux horoscopes, le secret de son amie « n’a rien a voir avec l’astrologie et tout à voir avec sa personnalité et son enthousiasme contagieux« . Ajoutant que : « La raison de son succès n’a pas changé depuis le jour où je l’ai rencontré jusqu’à maintenant : elle aime sincèrement ce qu’elle fait et elle y croit. Elle aime aussi les gens. » C’est sans doute pour cette raison que son site est gratuit : « il y a des choses plus importantes que l’argent dans le monde, et les gens qui souffrent ne peuvent pas se payer l’abonnement à un service comme le mien » prêche Susan Miller. Pour autant elle ne veut pas dire aux gens ce qu’ils doivent faire. Elle veut simplement être « leur meilleure amie » comme elle le confiait il y a deux ans au New York Magazine.
Pas sans mon horoscope
Une démarche qui fonctionne si l’on en croit l’engouement qu’elle suscite. Au point de provoquer des vagues de panique quand quelque chose l’empêche de délivrer ses analyses à temps. Pour preuve, le scandale de l’été dernier. Suite à un bug de son site la veille d’un jour ferié, ses prédictions du mois de juillet ont été publiées avec une semaine de retard. Immédiatement, une page Facebook a vu le jour. Sobrement intitulée « le groupe des abandonnés de Susan Miller », elle réunit plus de mille personnes qui « croyaient en elle mais sont désormais frustrés par son manque de professionnalisme« . Ce n’est pourtant pas faute d’essayer d’être ultra disponible. Avec « quatre heures de sommeil par nuit« , l’astrologue ne « refuse rarement les sollicitations« , et « propose aussi régulièrement à ses fans de partager un déjeuner, au cours duquel elle sera entièrement disponible » témoigne la journaliste de The Verge, à qui Susan Miller s’est adressée ainsi :
« Regardez, je suis bien là. Je ne suis pas le genre de personne qui regarde son téléphone toutes les cinq minutes. Je suis vraiment avec vous. Je pense que le plus beau cadeau, le plus attentionné, que l’on puisse faire à quelqu’un c’est d’offrir toute son attention. »
Son rythme effréné lui vaut cependant quelque soucis. Atteinte d’une maladie orpheline, elle doit régulièrement stopper sa course malgré elle, pour être hospitalisée. En 2013, par exemple, elle s’est cassé le poignet et a contracté une pneumonie, aggravée par des caillots de sang dans ses poumons. De quoi inquiéter sa communauté qu’elle tente de satisfaire même pendant les périodes difficiles, quitte à travailler avec « cinq bouteilles d’anti-douleurs sur son bureau » a-t-elle confié au New York Magazine. N’est pas Susan Miller qui veut.
{"type":"Banniere-Basse"}