Las Vegas est connue pour être la « ville du vice » et la capitale mondiale du divertissement. D’elle on ne connaît que son Strip et ses dizaines de casinos aussi kitsch que clinquants. Pourtant la ville du Nevada opère depuis quelques années une transformation urbaine et connaît une émulation commerciale et culturelle. Vegas est-il le nouveau cool ?
Après la Seconde Guerre mondiale, le boom économique a poussé les développeurs de l’Ouest Américain à construire des palaces et des casinos somptueux autour de la fameuse Fremont Street, en plein centre ville de Las Vegas. La ville du Nevada devenait ainsi, au mitan des années 1940, le lieu de débauche privilégié d’une Amérique apaisée et prête à se plonger à corps perdu dans la consommation.
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Le destin du centre-ville de Vegas bascule en 1989 lorsque le businessman Steve Wynn change considérablement le visage de la ville. Il a fait construire, sur le fameux Strip, The Mirage, un gigantesque hôtel de plus de 3 000 chambres, qui est ainsi devenu le nouveau modèle des nombreux complexes hôteliers qui ont fleur depuis dans la ville.
Un centre-ville délaissé
Délaissé, le centre-ville est devenu le haut lieu du crime. Loin du Strip, devenu l’artère principale de la ville, de ses casinos scintillants et de son atmosphère touristique hystérique, on y trouvait davantage de prostituées et de dealeurs de drogues que de familles en goguette prêtes à dépenser leurs deniers.
Mais en 2013, le destin quelque peu sordide du centre-ville de Vegas a pris une toute autre tournure.
Un changement impulsé par un seul homme
Zappos, une société de vente de chaussures en ligne de plus de 1 500 employés qui a été vendue en 2009 à Amazon, a déménagé dans l’ancien hôtel de ville de Las Vegas, en plein downtown. Cette arrivée quelque peu inattendue a été initiée par Tony Hsieh, le PDG de la compagnie, un génie sorti d’Harvard et âgé de 43 ans, qui s’était déjà fait connaître pour avoir vendu LinkExchange à Microsoft en 1999 pour 265 millions de dollars.
Celui-ci a décidé il y a trois ans de mettre en place un plan de rénovation du centre-ville à hauteur de 350 millions de dollars personnels. Selon Forbes, 200 millions ont été investis dans des projets immobiliers, 50 millions ont été alloués à l’investissement dans des start-ups de nouvelles technologies, 50 millions dans des projets artistiques et culturels et le reste à servi à financer des commerces locaux à taux zéro, le but étant d’attirer de nouveaux jeunes habitants Downtown.
Transformation urbaine
Pour Bruce Katz, le vice-président du think tank américain Brookings, notamment spécialisé en économie, développement et politique urbaine, l’action de Tony Hsieh représente le début d’une nouvelle vague de renouveau urbain piloté par des forces privées. Selon lui cette vague est résolument américaine :
« Dans d’autres pays ce genre de transformation urbaine est opéré par le gouvernement. Mais aux Etats-Unis c’est différent, nos villes sont à moitié gouvernées par tout un tas de réseaux d’institutions et de leaders issus de la société civile. Cela va devenir de plus en plus commun. »
En 2013, la ville de Détroit se voyait également « sauvée » par un investisseur privé. L’homme d’affaires Dan Gilbert il possède des fonds d’investissements, des casinos, des équipes de NBA) a injecté un milliard de dollars dans divers projets immobiliers afin de revitaliser le centre-ville de Détroit.
Le nouveau Brooklyn ?
Suite à la crise survenue à la fin des années 2000 et la récession qui a suivi, les loyers dans le centre ville de Las Vegas ont considérablement baissé. Grâce aux investissements massifs de Tony Hsieh qui sont arrivés peu de temps après, les opportunités de business se sont développées et de nombreux bars, restaurants, musées et autres galeries ont pu voir le jour ces trois dernières années. L’un des plus gros investissments s’est fait autour du Downtown Container Park, une sorte de mall hipster à ciel ouvert qui regroupe des dizaines de boutiques et de restaurants.
Si cela peut paraitre banal et propre à n’importe quelle grande ville américaine, c’est en tout cas une véritable révolution pour Las Vegas qui n’a jamais connue ses rues pleines de centaines de passants, en dehors de l’infernal Strip. Il y a cinq ans personne n’aurait en tous cas imaginé qu’on puisse déguster un latte tout en écoutant Simon & Garfunkel dans un coffee shop hipster en plein coeur de Las Vegas, le tout après avoir acheté quelques vinyles triés sur le volet. Aujourd’hui c’est possible et ce qu’il se passe désormais à Vegas peut désormais se passer à Portland, Brooklyn ou Shoreditch.
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