Finies les photos de mannequins figés dans des tenues étriquées. A Londres, une exposition retrace l’évolution de la représentation du corps féminin dans la photo de mode, portée par une nouvelle génération de photographes qui se distancent du travail formaté de leurs aînés.
Mains sur les hanches ou croisées derrière la tête, regard droit dans l’objectif ou perdu vers l’horizon… A voir les pages des magazines, les positions des mannequins semblent limitées dans la photographie de mode.
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Ces vieux clichés sont démontés par une nouvelle expo londonienne : dans Posturing: Photographing the Body in Fashion, le corps se tord, se renverse, se dévoile, s’exprime complètement sous l’objectif de la jeune garde de la photographie, pointant la libération du corps de la femme dans la photo de mode.
“On a perçu un changement, raconte Shonagh Marshall, co-commissaire de l’exposition avec Holly Hay, responsable photo des magazines AnOther et AnOther Man. Elle situe ce moment dans les années 2010, où la photographie de mode se détache de l’hypersexualisation du corps féminin, très en vogue des années 1990 à mi-2000, pour aller vers une nouvelle esthétique plus abstraite, voire minimaliste. Je m’étais rendu compte il y a quelques années que la représentation du corps se distançait d’une image sexualisée pour aller vers quelque chose de plus spontané, plus joueur, ironique, surréaliste, extraordinaire. Et, en retour, cela affectait vraiment la façon dont on percevait le vêtement.”
Une plus grande liberté accordée aux mannequins
Coco Capitan, Tyrone Lebon, Zoe Ghertner ou encore Charlotte Wales font partie de la vingtaine de photographes invités qui, en plus d’être les nouveaux chouchous de la mode (Coco Capitan collabore avec Gucci, Tyrone Lebon avec Louis Vuitton, Zoe Ghertner avec Céline) ont pour la plupart moins de trente ans. Parmi les archives de photos présentées figurent des titres de mode indépendants comme The Gentlewoman ou Marfa Journal, qui dès leurs origines challengent les représentations traditionnelles du corps de la femme dans la mode.
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Un regard neuf qui dépoussière les images canoniques de la photo de mode, ultra formatées, pour se lancer dans de nouvelles recherches esthétiques basées sur une plus grande liberté accordée au mannequin, qui devient acteur à part entière de la création de l’image de mode.
Ce changement peut être expliqué par le recours croissant à des mannequins non professionnels, souvent street-castés, donc plus spontanés face à la caméra. Plus simplement considéré comme un porte-manteau, le corps du mannequin est un terrain d’exploration esthétique à part entière : chez Lena C. Emery (photo d’ouverture), le corps se fait élastique, dépassant ses limites physiques dans des prouesses corporelles qui donnent à ses photos un côté surréaliste.
A noter que le vêtement s’efface, le comble pour une image de mode : sur la photo de Lena C. Emery, il est simplement plié sur une chaise au second plan. Une petite révolution.
Posturing: Photographing the Body in Fashion, jusqu’au 12 novembre au 10 Thurloe Place, Londres. Entrée libre
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