Les Grecs ont l’habitude de dire qu’ils sont aussi nombreux à l’extérieur qu’à l’intérieur de leur pays. Une diaspora qui leur permet d’étendre leur zone d’influence jusqu’aux Etats-Unis.
Imaginez que 35 millions de Français vivent à l’étranger. Non pas dispersés dans le monde mais, au contraire, concentrés dans quelques pays riches et influents. Une dizaine de millions de personnes, donc d’électeurs, aux Etats-Unis par exemple. Tout à coup, il semblerait plus facile de faire passer le point de vue de Paris auprès d’Obama, non ? Surtout si ces compatriotes étaient organisés en congrès mondial des Français de l’étranger chargés de défendre les intérêts de leur mère-patrie.
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Les Français sont loin du compte, pas les Grecs. Selon leur congrès mondial, les Grecs de l’étranger seraient 6 millions. En Grèce, on a plutôt l’habitude de dire qu’il y autant de Grecs à l’extérieur qu’à l’intérieur du pays, à savoir 11 millions. Mais qu’importent les chiffres, en matière d’influence, seule compte l’implantation.
L’influence considérable des Grecs sur la Maison-Blanche
Commençons par les Etats-Unis où les Helléno-Américains seraient environ 2 millions, concentrés à New York, à Detroit et surtout à Chicago. Or, où vivait Barack Obama avant de devenir président des Etats-Unis ? Dans quelle ville a-t-il rencontré son épouse Michelle et possède-t-il toujours une maison ? De quelle ville a-t-il été l’élu local avant d’en représenter l’Etat au Sénat ? Chicago.
Les Grecs de Chicago ont, en plus, une qualité essentielle : ils votent démocrate. Barack Obama leur doit donc une fière chandelle. Aussi n’oublie-t-il jamais, à Pâques, de recevoir le patriarche grec orthodoxe à la Maison Blanche. Le président américain s’est également entouré d’Américains d’origine grecque dans son équipe gouvernementale. Dernier exemple, la nouvelle secrétaire à la Santé, Sylvia Mathews Burwell, nommée en 2014. On comprend mieux la bienveillance – ou la prudence – d’Obama : “On ne peut pas pressurer (la Grèce) qui est en pleine dépression. Il faut une stratégie de croissance pour rembourser ses dettes.”
Syriza ne dit pas autre chose. L’influence grecque aux Etats-Unis est, en plus, réciproque. Le Premier ministre sortant, Antónis Samarás, a étudié aux Etats-Unis et partagé sa chambre d’étudiant avec… Geórgios Papandréou, Premier ministre de 2009 à 2011. Papandréou, précisément, qui a conservé la nationalité américaine et est rentré au pays sur le tard avec un fond d’accent yankee et une syntaxe approximative. Les Grecs le moquent toujours.
La fuite des cerveaux Grecs : direction l’Allemagne et l’Angleterre
Les Grecs sont aussi particulièrement nombreux et influents sur le sol de leur “pire” ennemi européen : l’Allemagne. Ils y seraient plus de 300 000, nombre en constante augmentation. Environ 35 000 jeunes médecins grecs se sont ainsi récemment installés outre-Rhin. Un comble lorsqu’on se souvient des campagnes de dénigrement orchestrées ces dernières années par la presse conservatrice allemande.
En Grande-Bretagne, l’immigration des jeunes diplômés grecs a même connu une véritable explosion : 300 % de mieux par an par rapport au niveau d’avant-crise.
Paris, terreau fertile de la culture hellénique ?
La France, elle, reste à l’écart de cette migration de masse – et de qualité. Ce qui n’empêche pas la Grèce d’y compter aussi des relais d’opinion influents. Traditionnellement, les Grecs de France sont, certes, moins nombreux mais bien insérés dans les milieux académiques et culturels. Les Grecs de France sont plus souvent issus de l’intelligentsia ou de la bourgeoisie urbaine. Ils ont fait leurs études ici et souvent votent à gauche.
Beaucoup sont venus au moment de la dictature des colonels (1967-1974) et sont restés. De passage à Paris, Aléxis Tsípras n’a d’ailleurs pas manqué de rencontrer le plus illustre d’entre eux, le cinéaste Costa-Gavras. Ils ont parlé culture et sont tombés d’accord sur la nécessité d’aider la Grèce… depuis Paris.
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