Avec près de 50 millions d’utilisateurs, le jeu vidéo « Fortnite » a bâti un véritable empire, dont compte bien profiter Epic Games, la société éditrice du titre.
C’est du jamais vu dans l’histoire du jeu vidéo. Avec près de 50 millions de joueurs à travers le monde entier, dont des pics à 3,4 millions d’utilisateurs simultanés, le titre Fortnite d’Epic Games s’est imposé comme le nouveau poids lourd de l’industrie du jeu vidéo en seulement quelques mois. Lancé le 25 juillet 2017, il doit en grande partie son succès à son modèle de Free-to-Play (F2P), qui rend les parties accessibles à tout le monde ou presque.
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La Battle fait rage
Le mode Battle Royale est particulièrement plébiscité par les joueurs. Le concept est simple: 100 personnes s’affrontent les unes contre les autres, soit en solo, soit par équipes de deux, trois ou quatre joueurs, et il faut survivre le plus longtemps possible. Et surtout, contrairement à son homologue Save the World, il est totalement gratuit depuis fin septembre 2017.
Pour Guillaume, 25 ans, joueur sur PS4 et occasionnellement sur PC, c’est d’ailleurs ce qui fait la force du jeu. « La gratuité est ce qui a permis à Fortnite de réellement percer face au mastodonte qu’est PUBG (PlayerUnknown’s Battlegrounds, concurrent de Fortnite, ndlr), qui était là avant lui. C’était un choix audacieux de la part d’un studio qui n’était pas si imposant il y a un an encore, car ils ont investi d’énormes ressources dans ce nouveau mode ! C’est cette accessibilité qui a permis de séduire autant de jeunes et très jeunes, qui n’ont pas forcément à leur disposition des moyens de paiement », explique-t-il.
Un esprit « cool »
Si le concept de la Battle Royale n’a rien de nouveau, Fortnite a su se démarquer de la concurrence grâce à plusieurs aspects ludiques propres au titre. « Fortnite garde ce côté encore très profane. L’univers coloré, les danses de la victoire, les coffres-fort; c’est tout un imaginaire très régressif qui s’exprime dans le jeu. Ce qui est en fait aussi un produit intergénérationnel, car quand je joue, je peux parfois tomber en réseau contre un mec de 15 ans, comme un de 40 », analyse Thomas 31 ans. « Les skins et danses sont tirés de memes et événements en vogue sur les réseaux sociaux », confie Riad, 22 ans. Une démarche qui renforce encore plus l’image « cool » du jeu.
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« Il y a également une notion d’adrénaline quand on croise un adversaire », souligne Florian, joueur de Battle Royale sur PS4 âgé de 27 ans. Mais pour être l’heureux élu d’une partie Fortnite, encore faut-il s’entraîner plusieurs heures par semaine et adopter la bonne stratégie. « Il faut un minimum de précision et surtout apprendre à construire pendant les combats », développe Riad, qui a déjà remporté plusieurs parties de Battle Royale en ligne.
L’interactivité, un aspect essentiel
Et très rapidement, le jeu devient addictif. « Il y a un côté casino; c’est à dire que quand on remporte une partie on veut en relancer une autre, et quand on en perd une… on veut en relancer une autre aussi », avance Samir, 23 ans. « Le côté fun, les dessins, le système de boutique en jeu, la personnalisation des personnages, la jouabilité quasi multiplateforme » sont autant d’aspects qui contribuent à la colossale réussite d’Epic Games.
Grâce au bouche-à-oreille et les réseaux sociaux, le phénomène a même bénéficié d’un effet de mode. « Initialement, je suis plutôt adepte de jeu tel que Fifa. J’ai fini par succomber à l’appel de mes amis. J’ai découvert un côté addictif. Mais ce qui me plait le plus avec ce jeu en réseau, c’est de jouer avec mes amis », rapporte Florian. Une interactivité désormais capitale avec les autres joueurs, même ceux que l’on ne connaît pas.
Un développement éclair et des projets en pagaille
Et si la société productrice arrive pour l’instant à optimiser ses profits et sa communication, les risques ne sont jamais bien loin. « Epic Games attise l’envie des joueurs avec de nouveaux challenges plutôt bien pensés la plupart du temps (comme le Mash-up avec Thanos des Avengers). Pour autant, le jeu pourrait très vite ronronner si de nouvelles cartes de jeux n’apparaissent pas dans peu de temps. Dans ce type de jeu vidéo, avec un afflux si conséquent de joueur en un laps de temps très court, il est souvent très difficile de satisfaire tout le monde », affirme Thomas.
Pour devancer ce contre-coup prévisible, Epic Games a tenter d’anticiper en dévoilant une nouvelle corde à son arc. Depuis le 15 mars, les utilisateurs équipés d’IOS peuvent s’engager dans de nouvelles parties infernales via leur iPhone ou leur iPad. Un nouveau tour de force pour les producteurs, et ce alors qu’une autre version doit arriver cet été sur Android. De quoi tenir en haleine les joueurs invétérés, notamment durant leurs temps de transports ou autres déplacements.
Gratuit mais rentable
Mais la véritable prouesse du jeu est d’arriver à capitaliser sur cette affluence, malgré le modèle gratuit. Car Fortnite est devenu une poule aux oeufs d’or pour ses créateurs: en février 2018, le titre aurait rapporté 126 millions de dollars à Epic Games. En mars, certaines estimations évoquent 223 millions de dollars amassés grâce à Fortnite. Une rentabilité folle, atteinte grâce aux ventes dans la boutique du jeu, pour obtenir divers bonus et objets complémentaires.
Florian a par exemple investi 25 euros dans un pass de combat. Une façon pour lui de « remercier les développeurs du jeu pour la qualité des contenus fournis ». Même chose pour Riad, qui a dépensé « une soixantaine d’euros » pour « un pass à chaque saison » ainsi que « quelques skins et danses ».
L’e-sport, un secteur prometteur essentiel
Profitant de son influence, les propriétaires du titre souhaitent étendre le rayon d’activité du jeu. Il est très probable que Fortnite devienne l’un des jeux les plus prisés du e-sport, les compétitions officielles en ligne. Une pratique encouragée notamment par certaines facultés américaines. Ainsi, la compagnie Epic Games serait prête à investir 100 millions de dollars pour financer les lots des tournois de son jeu.
« Je trouve ça prometteur. Epic Games décide de s’investir réellement dans le développement de l’e-sport sur Fortnite. C’est une bonne nouvelle puisque le côté compétitif est la chose qui permet de faire perdurer un jeu », estime le jeune homme de 23 ans, qui s’entraîne désormais entre trois et quatre heures par jour sur PC.
Un jeu générationnel ?
« Je pense qu’ils peuvent créer un très grand jeu qui peut marquer toute une génération ! Plus il y aura de joueurs convaincus, plus ils en parleront autour d’eux. Le jeu ayant un gameplay ultra simple, cela ne peut être qu’il succès ! », conclut Thomas.
D’autant plus qu’il est encore difficile d’imaginer jusqu’où le jeu peut encore repousser ses limites: Fortnite doit encore débarquer sur le marché chinois, où les utilisateurs sont particulièrement accros au jeu de type Battle Royale. Une rumeur persistante annonce même le portage du jeu sur Switch, la console hybride de Nintendo. Enfin, le mode Save the World (actuellement payant) doit devenir gratuit au cours de l’année 2018. « Depuis cette annonce, je me dis que cela vaut le coup d’attendre patiemment pour en avoir l’accès gratuitement », déclare Guillaume, qui n’est sûrement pas le seul joueur à adopter une telle stratégie.
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