Une enquête du Guardian révèle que des agents de la police londonienne ont utilisé les identités d’enfants morts pour créer des profils d’agents infiltrés.
Ça ressemble à un scénario de film d’action. Des agents spéciaux au service de sa Majesté vont consulter le registre des naissances et des décès. Ils s’arrêtent sur un nom, celui d’un enfant de leur génération mort en bas âge. Et à partir de là, la machine se met en marche : de faux papiers sont fabriqués, une identité fictive est créée. Et un agent entre dans la peau du mort pour infiltrer incognito des groupes suspects.
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Ça ressemble à un scénario de film d’action, mais c’est une histoire vraie. Une enquête du Guardian révèle que la police londonienne s’est servie d’identités d’enfants morts pendant près de trente ans pour créer des alias à ses agents infiltrés. Sans consulter ni prévenir les familles de ces enfants décédés.
La « course du chacal »
En Grande-Bretagne, la révélation de ces usurpations d’identités par les témoignages détaillés de deux anciens infiltrés fait polémique. De nombreux hommes politiques se sont indignés de cette pratique « repoussante », en pensant aux familles concernées, et une enquête publique a été demandée.
Tel officier avait endossé l’identité d’un enfant mort dans un accident de voiture, tel autre celle d’un gamin de huit ans mort en 1968 d’une leucémie… Et s’ils témoignent aujourd’hui, alors que leur unité, la SDS (Special Demonstration Squad) a été démantelée en 2008, c’est, disent-ils, en pensant aux familles.
« Une part de moi imagine ce que je ressentirais si quelqu’un se servait des noms et détails de la vie de mon fils mort pour ce genre de choses », explique l’un d’eux, devenu Pete Black pour infiltrer un groupuscule anti-raciste.
Selon ces témoignages, le processus est demeuré secret pendant plusieurs décennies. Et depuis que l’auteur de polars Frederick Forsyth en a fait la trame de son roman Le Chacal en 1971, les services concernés auraient surnommé cette recherche d’identité à « emprunter » la « course du Chacal ». Au total, plus de 80 enfants auraient ainsi été « ressuscités ».
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