Cédric Villani a présenté le lundi 12 février un rapport contenant 21 mesures pour relever le niveau ”catastrophique” des élèves français en mathématiques.
Après trois mois de travail et des centaines de personnes auditionnées, le mathématicien Cédric Villani, député LREM de l’Essonne, ainsi que Charles Torossian, inspecteur général de l’Education nationale, ont remis leur rapport sur l’enseignement des mathématiques au ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer. Publié le 12 février, celui-ci présente 21 mesures pour redonner le goût des mathématiques aux élèves, mais aussi aux enseignants. Des mesures qui s’articulent autour de la valorisation des élèves et des professeurs, des méthodes d’enseignement et de la formation professionnelle.
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L’excellence mathématique de la France doit bénéficier à tous ses élèves.
Très heureux de présenter aujourd’hui le rapport @VillaniCedric @CTorossian_Off base de notre stratégie future.
21 mesures pour l’enseignement des mathématiqueshttps://t.co/1BzCDfBLdl via @EducationFrance pic.twitter.com/XjYod3ORir— Jean-Michel Blanquer (@jmblanquer) 12 février 2018
Le rapport alerte ainsi du niveau « catastrophique » des élèves dans cette matière et indique que les résultats ne cessent de se dégrader depuis une douzaine d’années. Il constate également une « grande souffrance dans le corps enseignant » et questionne l’image même des mathématiques, une discipline essentielle dans le monde économique et numérique d’aujourd’hui.
Pour ces raisons, Cédric Villani veut inscrire l’enseignement des mathématiques parmi les priorités nationales et propose donc toute une série de mesures. « Aucune proposition n’est révolutionnaire dans notre rapport, si ce n’est ‘faisons enfin les choses telles que les évaluations nous les donnent, mettons-nous à l’œuvre et donnons-nous les moyens d’enseigner cette discipline’ » a déclaré le député de la République en Marche sur LCP le 12 février.
Une formation continue pour les enseignants
Selon lui, trop peu d’enseignants se sentent à l’aise avec les mathématiques. Afin d’assurer un enseignement optimal, le rapport propose quelques pistes. Il préconise notamment la construction d’une formation initiale pour les professeurs des écoles démarrant à Bac+1, pour assurer un volume suffisant d’enseignements dédié aux disciplines fondamentales. Il s’agit également de développer la formation continue des enseignants, par exemple en recrutant des référents en mathématiques qui accompagneront sur place les enseignants dans les différentes circonscriptions. Favoriser le travail en équipe peut également s’avérer bénéfique, permettant des échanges entre les différents professeurs mais aussi entre les différentes disciplines. Les enseignants pourraient également être amené à être formés aux problématiques liées à l’égalité femme-homme en mathématique.
Donner le plaisir des mathématiques aux élèves
Du côté des élèves, le rapport pointe du doigt un « sentiment de fatalité » : les enfants sont en décalage avec les maths et ont parfois perdu tout espoir de réussite dans ce cours. Le document de 96 pages insiste sur le fait qu’il faut trouver des moyens pour cultiver la curiosité, la créativité et le plaisir de l’activité mathématique. Une des idées pour donner le plaisir des maths est de rendre l’apprentissage plus ludique, en basant les cours sur la manipulation et l’expérimentation. Des principes qui se trouvent dans la méthode de Singapour, un programme « harmonisé, cohérent et de haute qualité qui inclut une vision claire et ambitieuse, des outils didactiques efficaces, une formation professionnelle approfondie, des évaluations systématiques et un système de fonctionnement en équipes qui soutient les enseignants ». Une méthode qui a fait ses preuves dans le pays, où les élèves sont excellents dans toutes les disciplines. Selon le classement PISA (programme international pour le suivi des acquis des élèves), Singapour se trouve tête de peloton, tandis que la France est cantonnée à la 27e place.
Les clubs et les activités périscolaires en lien avec les mathématiques, comme l’informatique ou la modélisation, peuvent également être un moyen pour intéresser les élèves à ce domaine. Des autres pistes sont également explorées dans le rapport, comme la création d’un expert de haut niveau en mathématique à la direction générale de l’enseignement scolaire (Dgesco), le classement des manuels de mathématiques par un comité de scientifiques ou encore la création d’un portail de ressources en lien avec les maths qui disposeraient de moyens logistiques suffisants pour permettre son bon fonctionnement.
« L’encadrement humain est déficient »
« Notre but est vraiment de faire progresser l’institution et assurer à nos jeunes une formation de qualité qui les mette en phase avec les enjeux du 21e siècle » affirme le médaillé Fields lors de la conférence de presse organisée pour présenter le rapport. Le député confie aussi à LCP le 12 février que ce qui a été dur dans l’écriture du rapport, « c’est de réaliser à quel point l’encadrement humain est déficient ». Dans l’émission de Patrick Cohen sur Europe 1, il affirme que « n’importe quel projet humain se construit avant tout sur la motivation des ressources humaines et pas sur la performance de tel ou tel outil ». Ce dernier rappelle également qu’un poste sur quatre dans l’enseignement n’est pas pourvu car beaucoup de professeurs se tournent vers le privé, pour le prestige mais aussi pour des salaires plus élevés. « J’espère que l’on évoluera dans le futur vers une revalorisation de l’ensemble des salaires enseignants » avance le mathématicien.
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