Longtemps garde du corps pour le Parti Socialiste, Alexandre Benalla aurait reçu deux badges pour accéder à l’Assemblée nationale, même lorsqu’il était employé par une société privée.
Avant d’être chargé de mission pour Emmanuel Macron, Alexandre Benalla gravitait autour du Parti Socialiste. Longtemps garde du corps, le jeune homme semblait déjà se jouer des procédures. D’après une enquête de la cellule investigation de Radio France, il aurait même “enfumé” Benoît Hamon pour obtenir un badge pour l’Assemblée nationale.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Accès à la salle de sport
En octobre 2014, après avoir assuré la protection de Martine Aubry, puis de François Hollande et d’Arnaud Montebourg, Alexandre Benalla finit par être embauché par une société de sécurité privée, Velours. Selon franceinfo, ce même mois, l’ex-garde du corps demande à Benoît Hamon, revenu sur les bancs de l’Assemblée nationale après son passage au gouvernement, un badge “pour qu’il ait accès à la salle de sport”. Problème : ces cartes ne sont censées être délivrées qu’à des membres de la famille, à des assistants rémunérés ou à des collaborateurs des partis politiques. Or, Alexandre Benalla n’est rien de tout ça ; il ne travaille même plus au Parti Socialiste.
Pourtant Benoît Hamon, qui connaît Benalla du service d’ordre du PS, accepte, et l’Assemblée nationale lui accorde le laissez-passer. Sur le dossier fourni, il est indiqué que celui qui deviendra médiatisé pour ses actions violentes, place de la Contrescarpe le 1er mai 2018, est “chauffeur-assistant au Parti Socialiste”. L’actuel candidat aux élections européennes assure ne pas avoir produit de faux : “Il m’a probablement menti […]. Nous nous sommes basés sur ce que nous disait Benalla. Je me suis fait enfumer !” a-t-il déclaré à franceinfo.
Le badge aurait-il servi à démarcher les parlementaires ?
Le média public a découvert que le badge délivré à Benalla ne permettait pas d’accéder à la salle de sport, comme il l’avait affirmé devant la commission d’enquête du Sénat, mais seulement à la “bibliothèque et au bureau de M. Hamon”. franceinfo pose la question : Alexandre Benalla se serait-il servi de cet accès pour démarcher des parlementaires ?
Le jeune garde du corps n’en est pas à son coup d’essai pour accéder aux sphères décisionnaires du pays. En 2013, la députée de la Somme, Pascale Boistard, lui fournit un badge de “collaborateur parlementaire bénévole” pour accéder à la bibliothèque et la salle de sport, encore une fois.
Un poste créé pour lui et un passeport de service
En 2016, il devient “chef de cabinet bénévole” de la délégation interministérielle pour l’égalité des chances des Français d’Outremer, un titre spécialement inventé pour lui. La délégation est aux mains de Jean-Marc Mormeck, boxeur multiple fois champion du monde, que Benalla a rencontré au siège du PS quelques années plus tôt.
Selon les informations de franceinfo, Alexandre Benalla aurait rédigé lui-même la lettre de mission indiquant les contours de ce nouveau poste, créé pour lui. Il aurait également demandé un badge professionnel, “rarement accordé aux salariés de la délégation” précise franceinfo, ainsi que des passeports de service pour passer les frontières plus facilement.
La commission d’enquête du Sénat a interrogé Jean-Marc Mormeck sur ce dernier point. Il a affirmé que ces passeports ont été utilisés pour un voyage… en Allemagne. Alexandre Benalla n’aurait jamais restitué le sien, selon franceinfo, il l’aurait perdu il y a quelques mois.
{"type":"Banniere-Basse"}