Autant aux Etats-Unis, avec Donald Trump que pour Theresa May au Royaume-Unis, l’état de grâce aura été de courte durée. Qu’en sera-t-il pour le président Macron dont le parti a été le grand vainqueur du premier tour des législatives ?
Nous avons appris une chose ces derniers mois, aussi bien aux Etats-Unis qu’en Grande-Bretagne, c’est à quel point ce que l’on nomme “l’état de grâce” ne se prolonge plus pendant des lustres. On se souvient de Theresa May dépeinte comme la “championne du Brexit” en 2016, et écrasant encore le Labour et le Ukip lors d’élections locales.
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Depuis les récentes législatives britanniques, la même Theresa May, largement affaiblie, est obligée de composer un gouvernement à la force du poignet, gouvernement qui devra bien entendu se poser la question de ce fameux Brexit – qui était encore, il y a quelques mois, une évidence.
Trump aux abois
On pense aussi à Donald Trump, en couverture de ce magazine, élu sur ce “Make America Great Again” lourd de promesses, et qui, malgré ses détracteurs, avait fini par se poser en triomphateur d’une présidentielle US, qui elle, nous l’avons constaté après la sortie des accords de Paris, est lourde de conséquences.
L’Amérique que nous ne connaissions pas, celle du milieu et non celle des côtes, avait semble-t-il fait son choix : elle voulait un type un peu rustaud capable d’entraîner derrière lui ces cow-boys qui roulent en pick-up et qui pensent que les Mexicains viennent leur ôter le burrito de la bouche.
Trump n’allait pas être Obama, loin de là, mais la tectonique politique américaine nous réclamait visiblement d’en passer par là – et nous avions bien survécu à Reagan, alors bon. Là encore, une poignée de mois plus tard, et après une relative popularité à ses débuts (dans son pays du moins), Trump est aux abois, mis en cause par l’ancien patron du FBI, James Comey, et soupçonné d’avoir fricoté avec la Russie de Poutine lors de la présidentielle (on ne parlera même pas de son comportement général).
Miossec avait tout prévu il y a vingt ans
Si certains parlent de “fantasme européen”, jamais un président depuis Richard Nixon n’a semblé structurellement être aussi proche de ce que l’on appelle l’impeachment (voir notre dossier). Depuis dimanche, on est aussi en droit de se demander combien de temps va durer le buzz incroyable qui entoure La République en marche !.
Grand vainqueur du premier tour des législatives, ce parti créé en 2016 s’est assez allègrement placé dans le sillage de la victoire de Macron, ce jeune homme qui “marche sur l’eau”, comme le rappelait encore Laurent Delahousse, l’un de ses plus fervents évangélistes (c’était dimanche soir sur France 2).
La droite post-Fillon a pris des coups. La gauche, elle, aurait sombré. Ecoutez le fameux On était tellement de gauche de Miossec, qui avait tout prévu il y a vingt ans, au mot près (“C’est drôle de voir ce que nos pensées sont devenues/On était tellement de gauche/Aujourd’hui on ne sait plus/On compte les plaies, les bosses/Tout ce qu’en marche on a perdu”).
Et c’est désormais de façon œcuménique qu’il s’agira d’envisager l’avenir du pays, sans se camper sur ses “vieux réflexes” entre autres (le champ lexical est large). En tout cas, c’est comme cela qu’on nous le vend. Pour combien de temps, encore ?
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