Graffeur, artiste et tatoueur, Cokney propose un style libre, empreint de bruit et de fureur. Passé par New York, Marseille, Barcelone ou Amsterdam, il a posé ses valises à Paris, au shop Hand in Glove. Le chemin vers une pratique artistique, libre et inspirée du tatouage n’est pas un long fleuve tranquille. Pour Cokney, “il faut […]
Graffeur, artiste et tatoueur, Cokney propose un style libre, empreint de bruit et de fureur. Passé par New York, Marseille, Barcelone ou Amsterdam, il a posé ses valises à Paris, au shop Hand in Glove.
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Le chemin vers une pratique artistique, libre et inspirée du tatouage n’est pas un long fleuve tranquille. Pour Cokney, « il faut savoir se perdre un peu pour trouver sa signature », comprendre : tester, apprendre et dépasser ses limites pour toujours remettre en question ses dessins et son style. Au contact des mouvements anarcho-punk et redskin depuis son adolescence, il assimile l’art à un engagement politique, touche au graffiti avant de s’émanciper des diktats des écoles d’art en choisissant le tatouage. Touche-à-tout et amateur de voyage, il a posé ses fresques et ses tatouages un peu partout dans le monde avant de participer à l’ouverture du shop Hand in Glove en juillet 2011 avec Romain Pareja et Hugo Fulop.
Le tatouage est arrivé pour toi à un moment où tu cherchais à faire murir tes pratiques artistiques et ton engagement politique. Pourquoi ?
J’ai découvert le tatouage via les mouvements punks, parce que ce sont des milieux où les gens se sont toujours faits beaucoup tatouer. Le tatouage y est présent en tant que culture à part entière et depuis longtemps, bien avant que le tatouage ne soit à la mode comme aujourd’hui. À un moment, j’ai été déçu par certains événements qui sont arrivés dans ce genre de milieu. J’ai essayé de continuer à garder mes valeurs : vu que je n’ai plus été capable de les vivre par le biais d’une communauté, j’ai voulu continuer à vivre cet engagement en tant que personne et je l’ai beaucoup vécu dans le graffiti. Jusqu’à ce que je me retrouve confronté à des problèmes de justice… En découvrant le tatouage, j’ai compris que c’est un travail qui offre une certaine liberté et qui permet de s’affranchir de pas mal de règles auxquelles on se retrouve souvent confronté dans le cadre d’un travail plus classique. Tatoueur, c’est l’une des dernières professions créatives où l’on est libre de proposer des dessins qui nous correspondent tout en n’étant pas soumis à une économie globale difficile, même si l’on dépend de la demande.
Vu ton parcours, on peut se demander si tes tatouages sont influencés par la musique…
Au début, ça l’a vraiment été parce que je tatouais beaucoup les gens autour de moi. Je tatouais des symboles de ces milieux punks : des toiles d’araignées, des poings américains, des crânes ou des trucs politiques. A partir d’un moment, j’ai découvert le travail de certains tatoueurs et je m’y suis intéressé. Le travail de Seth Wood ou Mike Rubendall m’a beaucoup touché, le travail du style a pris l’ascendant, même si j’aime bien l’imagerie métal : les vieux t-shirts d’Iron Maiden ou les pochettes de Metallica. Moi, j’ai pu y développer mes capacités graphiques tout en m’en émancipant, en gardant ce parcours où j’ai côtoyé les milieux alternatifs : le punk, le tatouage. J’ai l’impression que pas mal de gens sortant d’écoles d’art ne savent pas vraiment quoi faire et se disent : « Bon, ben je vais faire du tatouage. » C’est à double tranchant : ça fait évoluer le tatouage mais tu perds un peu de son essence aussi. Ça ramène le tatouage à un truc purement illustratif. Des mecs comme Tin-Tin ou Guy le Tatooer bouffent du tatouage depuis des années et, avec le temps, ont développé leur technique et leur style. Tu te découvres toi-même en ne t’enfermant pas.
Qu’est-ce qui manque au tatouage français ?
Les gens sont un peu frileux en France. Je trouve qu’on peut moins se permettre des choses créatives, les clients ne prennent pas de risques. On va partir dans des motifs hyper classiques : le crâne ou la rose. J’aimerais bien faire des trucs plus tranchés : plus de démons ou de diables. Du coup, avec Just du Mystery Tattoo Club, on a eu cette idée de proposer une fois tous les trois mois des flashs, des dessins qu’on fait. Vient se faire tatouer ces motifs qui veut. C’est bien parce que ça suscite de nouvelles envies. Sur les premiers, j’ai fait des fleurs et je n’ai fait que ça toute la journée, sur les prochains, du coup, je vais essayer d’éviter les fleurs. (Rires.)
Propos recueillis par Cécile Becker
Cokney sera présent au Mondial du tatouage ce week-end, les 7,8 et 9 mars à la grande halle de la Villette. Cokney tatoue au shop Hand in Glove, 44 rue Trousseau à Paris.cokneytattooing@gmail.com
Le site de Cokney
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Le Facebook d’Hand in Glove
Crédits tatouage et peintures : © Cokney
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