« Je suis déçue que Grazia UK ait modifié et lissé mes cheveux pour qu’ils collent à une idée plus eurocentrée de ce à quoi doit ressembler une belle coiffure, » a tweeté l’actrice en réaction à la couverture du Grazia britannique, où ses mèches de cheveux crépus ont disparu par magie.
Après Solange Knowles le mois dernier, en colère contre le magazine Evening Standard qui supprime la moitié de ses cheveux pour la couverture de son numéro du 20 octobre, c’est autour d’une autre personnalité de voir sa coiffure modifiée par un média britannique : hier, l’actrice américaine Lupita Nyong’o découvre avec stupeur que l’édition britannique de Grazia a supprimé une partie de ses cheveux pour la couverture de son dernier numéro.
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L’actrice a posté hier sur Instagram un long message dénonçant ce photoshoppage abusif, qui supprime les quelques mèches crépues qui s’échappent du chignon lisse qu’elle arbore sur la photo choisie. « Comme je l’ai clairement annoncé par le passé et avec chaque fibre de mon être, je vis pleinement mon héritage naturel et en dépit du fait qu’en grandissant je pensais que la peau claire et les cheveux lisses et soyeux étaient les standards de beauté, je sais maintenant que ma peau foncée et mes cheveux crépus et bouclés sont tout aussi beaux, » écrit-elle sous un montage de trois photos : d’un côté la photo de la couverture de Grazia UK, de l’autre deux photos non retouchées issues du shooting, où elle arbore une coiffure qui n’a rien à voir avec la version lissée de la couverture.
https://www.instagram.com/p/BbTCfXKDjc8/?taken-by=lupitanyongo
L’actrice de 12 Years A Slave, qui s’était déjà exprimée sur la sous-représentation des minorités ethniques à Hollywood, déplore le fait que la presse féminine, longtemps épinglée pour son manque de diversité, reste complètement à côté de la plaque dans son traitement photographique des femmes non blanches : « Etre en couverture d’un magazine me comble car c’est l’opportunité de montrer aux autres personnes foncées et aux cheveux crépus, et particulièrement à nos enfants, qu’ils sont beaux comme ils sont. Je suis déçue que Grazia UK m’ait invitée pour faire leur couverture pour ensuite modifier et lisser mes cheveux pour qu’ils collent à leur idée de ce à quoi devrait ressembler une belle coiffure. » Sur Twitter, son message se fait plus court : elle accuse directement le magazine d’eurocentrisme. Les deux messages sont clos par le hashtag #dtmh, référence à la chanson de Solange Don’t Touch My Hair, slogan que la chanteuse a repris pour dénoncer l’action du Evening Standard.
Disappointed that @GraziaUK edited out & smoothed my hair to fit a more Eurocentric notion of what beautiful hair looks like. #dtmh pic.twitter.com/10UUScS7Xo
— Lupita Nyong'o (@Lupita_Nyongo) November 10, 2017
Les seins retouchés d’Emily Ratajkowski, les bourrelets supprimés de Lena Dunham, et maintenant des coiffures afro modifiées pour coller aux standards supposés de la « perfection » féminine. Cette presse cessera-t-elle un jour de diffuser des représentations erronées des femmes à ses lectrices ? Le magazine n’a pour l’instant pas publié de message expliquant ce choix aux justifications douteuses, mais récolte une pluie de commentaires enragés sur Twitter qui pointent l’incohérence éditoriale révélatrice du réel problème dans la presse féminine : mettre une femme de couleur en couverture pour justifier sa recherche de diversité, mais tout faire pour qu’elle ressemble à une Blanche.
https://twitter.com/_primulum/status/928830603033587713
You guys really have no shame! Why did you edit out @Lupita_Nyongo 's natural hair in your cover? You can't even hide your Anti-blackness! Disgusting!
— Busi Lethole (@BusiLethole) November 10, 2017
She's even more of a role model after she exposed tf outta whoever edited the coverhttps://t.co/xAPe5d3txq pic.twitter.com/j5xKTG9p7e
— . (@cokewhitetigre) November 10, 2017
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