Tour du monde du genre en littérature, en BD et sur tous les écrans connus – ciné, télé, web.
Cette série documentaire de trois fois 52 minutes sur le polar dans tous ses états – cinéma, télé, littérature, BD, websérie, jeu vidéo –, tournée dans le monde entier, a les qualités de ses défauts. Si elle est très éclatée, au point de passer constamment du coq à l’âne, d’un continent à un autre, elle montre combien le genre policier est devenu un langage international. Les polars américains et européens inspirent par exemple les cinéastes indiens. Voir l’impressionnante vidéothèque d’Anurag Kashyap, réalisateur de Gangs of Wasseypur, qui pointe fièrement le rayon consacré à Jean-Pierre Melville.
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Par ailleurs, si le genre traduit la réalité immédiate et s’il est en général nourri par des enquêtes sur le terrain (on voit une romancière sud-africaine éplucher les registres d’un commissariat), il impressionne aussi les malfrats. Certains gangsters italiens se passionnent pour leurs alter ego hollywoodiens : un parrain de la mafia romaine est enterré en grande pompe avec la musique du film emblématique de Coppola comme bande-son ; un membre de la Camorra napolitaine reproduit à l’identique la villa de Tony Montana, le héros de Scarface.
Dans le deuxième épisode de la série, on nous rappelle que le polar est un genre urbain. Dommage qu’on n’ait pas tenté de nuancer ce truisme. Certes, il y a bien le contre-exemple de la romancière allemande Nele Neuhaus, qui a situé diverses histoires dans un village.
Le renouveau du polar est venu de Scandinavie
Mais les Allemands sont assez mal lotis en matière de fiction policière. Non seulement c’est un écrivain écossais, Philip Kerr, qui situe ses polars à Berlin (sous le nazisme), mais le seul cinéaste allemand du panel, Christian Petzold, n’est pas vraiment un spécialiste du genre.
De plus, il a l’outrecuidance de se gausser des Scandinaves : “Ils sont sept millions d’habitants et, si l’on en croit tous ces romans policiers, chacun a au moins dépecé deux cadavres.” Petzold a beau dire, c’est bien de la Scandinavie, et pas de l’Allemagne, que le renouveau du polar est venu dans les années 1990.
Pourtant, comme le suggère Petzold, on ne peut pas dire que la criminalité soit très préoccupante dans les pays du Nord. On prétend même dans le documentaire que chaque année, la police norvégienne “ne tire que deux balles” ! Mais, comme le souligne le romancier local Jo Nesbø, dont Michael Fassbender va bientôt incarner le héros, le détective Harry Hole, au cinéma, “plus un endroit est tranquille, meilleur sera le contexte pour y placer un meurtre”. Ce n’est pas faux.
Code(s) polar série documentaire de Stéphane Bergouhnioux et Jean-Marie Nizan. Les dimanches 13, 20 et 27, 23 h 05, Arte
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