Invitée de l’émission “Dans le Genre” dimanche dernier, la comédienne Clotilde Hesme parle de stéréotypes de genre, de féminité et féminisme au micro de Géraldine Sarratia. L’éducation, le milieu du cinéma et, inévitablement, l’affaire Weinstein passent au prisme de sa vision.
Actuellement sur les planches à Paris pour la pièce Le Jeu de l’Amour et du Hasard de Marivaux, Clotilde Hesme fait une escale par le plateau de l’émission Dans le Genre, animée par Géraldine Sarratia. Au micro de Radio Nova, l’actrice de 38 ans aborde sa conception du féminin, du masculin, et les excès de la virilité. En abordant son enfance, l’éducation de ses enfants, ce qu’elle observe de la société et de son milieu professionnel, le cinéma, elle esquisse un portrait contemporain des rapports entre les genres.
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“Je me suis appelée Antoine toute ma vie intra-utérine »
Entourée par deux soeurs, Clotilde Hesme a été une surprise à sa naissance : sa mère, enceinte d’elle l’appelait Antoine. Peut-être est-ce pour cela, analyse-t-elle, qu’elle est si compréhensive par rapport au genre. Peut-être aussi est-ce parce que, comme le raconte l’actrice des Chansons d’Amour, ses soeurs et elle ne se sont pas « vécues comme des filles » à l’enfance :
« Dans le sens du genre, dans notre manière de vivre, il n’y avait pas quelque chose de très genré – on n’était pas des fifilles à papa – c’est en grandissant que je me suis rendu compte de la différence de traitement et que ce n’était pas toujours la même égalité des chances. »
Elle raconte également la jeunesse rurale de ses parents avant 68, avant les notions de libération de la femme, avant que l’on puisse vraiment parler du corps et du genre : « Mon père était quelqu’un qui devait faire l’homme alors qu’il n’en avait pas envie« . Clotilde Hesme confie-t-elle a tout fait très vite
La comédienne poursuit ensuite sur son rapport à la féminité, qui la marque très tôt :
« Par rapport au féminin je me rendais compte qu’il y avait un jeu que je n’avais pas envie de jouer. Je voulais vivre autrement le fait d’être une femme, d’aimer les garçons, autrement que dans un jeu de séduction. Je peux m’en amuser mais ça me gave très vite. »
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« Le féminisme ne se fera pas sans les hommes et sans le masculin »
Les genres ne sont pas antagoniques selon Clotilde Hesme, et dans la construction de l’identité, le masculin viril et la fémininté douce ne doivent pas s’opposer. Particulièrement dans l’éducation des garçons, contraints à une virilité puissante, à un devenir d’hommes absolus souvent dès leur plus jeune âge :
« J’ai renvoyé ma nounou quand elle a dit à mon fils ‘faut pas pleurer, un garçon ça pleure pas’ – c’est terrible, je ne veux pas du tout qu’on élève un garçon dans cet esprit là aujourd’hui. C’est anxiogène d’être élevé dans ce rapport à la virilité complètement faux, une pure invention en plus, personne n’a demandé ça aux hommes ! (…) Cette idée de puissance. Il faut être dans la puissance. Non. »
Ainsi, très logiquement sa définition de la féminité se construit dans la dualité, et dans l’acceptation du masculin. Elle revient aussi sur le rôle que lui a offert le film Diane a les épaules, une femme libérée, écho de femmes auxquelles on ne donne pas souvent la parole au cinéma. Elle décrit le déséquilibre entre les personnages masculins, forts, et féminin, en deuxième plan, même si cela tend à changer : “Je préfère être une actrice aujourd’hui.”
« Le pouvoir n’a pas de genre à un moment donné »
Elle revient également sur l’affaire Weinstein, en l’adaptant à la réalité française : « Je pense que ça va changer quand même la façon dont certains hommes ont de se comporter à certains moment. Je suis pour un féminisme conquérant et pas victimaire. Mais à un moment il est important que les voix des victimes soient entendues. C’est une étape. Mais j’ai l’impression qu’en France on ne passe pas trop à l’étape d’après. »
Son analyse se précise quand elle recherche la raison du relatif mutisme français, en comparaison avec Hollywood où les actrices les plus influentes prennent désormais aussi la parole.
“Certaines femmes protègent certains puissants. On l’a vu avec Weinstein, l’histoire des assistantes qui s’éclipsent au dernier moment. Je ne veux pas remettre les hommes et les femmes sur un pied d’égalité, parce que je pense que ce n’est pas le cas. Mais le pouvoir n’a pas de genre à un moment donné. Les abus de pouvoir sont des abus de pouvoir. Ils peuvent venir des femmes aussi.“
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