A la fin de chaque semaine, LesInrocks.com font le point sur le procès Clearstream. Faits marquants, petites phrases, instants d’audience… Quatrième épisode : Villepin court 20 kilomètres, Clearstream parle, Imad Lahoud en prend plein la tête.
La semaine de Clearstream a commencé dès dimanche avec une image insolite : Dominique de Villepin qui participe aux 20 km de Paris sous le dossard 874. Sachez qu’il a parcouru la distance en 1h34.
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Lundi, dernier jour d’audience avant les plaidoiries. La belle-sœur de Dominique de Villepin, Delphine Piloquet, est à la barre. Imad Lahoud avait affirmé avoir rencontré Dominique de Villepin par son intermédiaire. La belle-sœur dément. « C’est un pur mensonge. Jamais je n’ai présenté M. de Villepin à M. Lahoud, jamais aucun dîner n’a été organisé chez moi. Tout cela est pur mensonge, pure calomnie ».
Philippe Delmas, ancien vice-président d’Airbus et partie civile, a mis sur la table les rivalités qui l’opposaient à son ancien collègue d’EADS Jean-Louis Gergorin. « M. Gergorin a monté une opération contre moi », a affirmé Philippe Delmas pour qui « cette opération a été un grand spectacle avec cette fausse liste Clearstream ».
Le témoin le plus attendu lundi dernier était Yves Bertrand, ancien patron des Renseignements généraux de 1992 à 2004. Durant l’enquête, les juges d’instruction ont soupçonné ce proche de Jacques Chirac et saisi ses notes personnelles. Soit 23 carnets couvrant la période de 1998 à 2003. Publiés par Le Point, ils ont permis de découvrir les méthodes de ce policier qui, censé enquêter sur les problèmes de sécurité, s’est en fait intéressé à la vie intime de personnalités publiques ou aux affaires pouvant leur nuire. S’opposant à la version d’Imad Lahoud, il a nié avoir assisté, dans son bureau, à l’ajout du nom de Nicolas Sarkozy dans les listings.
« C’est une fable totale et rocambolesque », a lancé Yves Bertrand. Cette rencontre aurait eu lieu « en mars 2004, alors que je suis parti en retraite en janvier », s’est-il étonné. « Je ne l’ai jamais rencontré ni dans mon bureau ni ailleurs ». L’ancien patron des RG a reçu le soutien de Jean-Louis Gergorin, qui assure ne jamais être allé « ni seul ni accompagné d’Imad Lahoud dans le bureau d’Yves Bertrand que je vois pour la première fois aujourd’hui » L’ancienne collaboratrice d’Yves Bertrand, Brigitte Henri, a renchéri : « Je pense qu’il [Imad Lahoud] a seul falsifié les listings et qu’il essaie de reporter sa responsabilité sur les autres ». « Dans cette affaire, tout est de bric et de broc, on se dirait dans le film Louis la Brocante », s’est amusé Yves Bertrand.
Lors de sa dernière audition lundi soir, Dominique de Villepin a poussé un petit coup de gueule. « Le fait d’être désigné comme un rival politique de Nicolas Sarkozy me vaut d’être aujourd’hui devant vous, ne pas l’être pour Michèle Alliot-Marie lui permet d’être Garde des Sceaux », a observé l’ancien ministre. En affirmant: « j’ai fait mon travail d’information, je ne suis pas sûr que tous les autres ministres en aient fait autant ».
Mardi débutaient les plaidoiries. Clearstream, représentée par Richard Malka, ne demande aucune condamnation contre le journaliste Denis Robert, tout en dénonçant son « acharnement » contre la banque.
Les avocats des parties civiles ont généralement insisté sur le préjudice qu’ont subi leur client en étant ajoutés dans des listes qui portaient atteinte à leur réputation. A la fin de la journée, presque un million et demi d’euros aura été demandé par les différents avocats.
Et le patatras de la semaine ? Il a bien eu lieu, mercredi matin. Le président Dominique Pauthe a dû suspendre le procès Clearstream après un quart d’heure d’audience, faute d’avocats. Ceux des parties civiles devaient plaider, mais ne se sont pas présentés à l’audience. « Ca fait un peu désordre », a charrié Thierry Herzog, avocat de Nicolas Sarkozy. Sur une trentaine d’avocats, trois répondaient présent. L’après-midi, c’était un peu le bazar aussi, surtout quand une étrange partie civile s’est couchée par terre.
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