A la fin de chaque semaine, LesInrocks.com font le point sur le procès Clearstream. Faits marquants, petites phrases, instants d’audience… Troisième épisode : où est Michèle Alliot-Marie ? la confrontation Villepin/Rondot, Renaud Van Ruymbeke interrogé.
L’homme aux carnets, le général Philippe Rondot, était entendu comme témoin cette semaine. Cet ancien conseiller pour le renseignement auprès du ministre de la Défense a enquêté pour le compte de Dominique de Villepin. Il prenait des notes à peine codées sur le contenu des rendez-vous et conversations. Dominique de Villepin se serait notamment prévalu des « instructions » du président de la République pour lui demander d’enquêter « avec prudence » « dans un cadre secret ». Une autre note de 2004 attribue une phrase au ministre de l’Intérieur : « Si nous apparaissons, le PR [président de la République] et moi, nous sautons ».
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Le général Rondot a affirmé lors de l’audience qu’il avait mis au courant le directeur du cabinet de Michèle Alliot-Marie dès 2004. Devant le tribunal, Jean-Pierre Mignard, avocat d’Edwy Plenel et de Gilbert Flam, s’indigne de l’absence de la ministre. Il annonce ensuite avoir lancé une procédure devant le tribunal administratif, fondé sur l’article 40 du code de procédure pénale, qui indique que « toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l’exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit, est tenu d’en donner avis sans délai au procureur de la République ».
Bien que repoussée, la confrontation Rondot / Villepin a finalement eu lieu. Elle est racontée en détail par Pascale Robert-Diard, du Monde. Confrontation Rondot/Villepin
L’autre témoin-clé de la semaine, c’est Renaud Van Ruymbeke. Le magistrat-instructeur de l’affaire Elf s’est déclaré « complètement étranger à Clearstream ». S’il s’est retrouvé un jour mêlé à cette affaire, c’est parce qu’il était « en charge de l’instruction des frégates de Taïwan. » En 2004, l’avocat Thibault de Montbrial vient lui parler de Jean-Louis Gergorin.
« Le dossier des frégates était dans une impasse totale et le climat était un peu particulier. Cet avocat me dit : je connais un haut dirigeant qui connaît les comptes que vous cherchez. Ca passe par Clearstream », assure le magistrat. Dans ce contexte, il rencontre Jean-Louis Gergorin qui lui remet les listings trafiqués. « M. Gergorin était très brillant, convaincant et convaincu ». Le problème étant que le dirigeant d’EADS ne veut pas apparaître. Les pièces sont versées au dossier des frégates sous forme de courriers anonymes. Le juge a toutefois assuré qu’il n’avait jamais consenti explicitement à cette procédure, qui lui vaut aujourd’hui une poursuite devant le Conseil supérieur de la magistrature.
Sinon, le patatras de la semaine ressemble pas mal à celui de l’épisode 1 : le 6 octobre, Claude Guéant a décidé de défendre Nicolas Sarkozy qui avait évoqué les « coupables » dans l’affaire Clearstream. « Les gens qui comparaissent ont été renvoyés par le juge d’instruction. En général, les coupables figurent parmi ceux qui sont présentés par les juges », a déclaré le secrétaire général de l’Elysée, pour défendre son patron deux semaines après tout le monde.
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