L’anthropologue français de renommée mondiale Claude Lévi-Straus est mort à l’âge de 100 ans. La disparition d’une figure intellectuelle majeure du XXe siècle.
Né en novembre 1908, mort en novembre 2009, Claude Lévi-Strauss appartenait à cette rare catégorie d’intellectuels soucieux de la transmission d’un savoir touffu et complexe plutôt que refermé sur son pré-carré, fût-il prestigieux. A écouter les nombreuses interviews qu’il accorda à la presse durant toute sa vie, mieux, à le lire dans le jus de ses textes parfois hermétiques, on était frappé par son aptitude à l’explication soignée, à la précision des mots et au retour sur lui-même. Il découvrit l’ethnologie un peu par hasard, lors d’un séjour au Brésil à la fin des années 30, alors qu’il y enseignait la sociologie.
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C’est là que naissent les fondements d’une pensée en devenir : une pensée qui épousa « la pensée sauvage », titre de l’un ses ouvrages fondateurs. Depuis Les structures élémentaires de la parenté (1949) jusqu’à Regarder, écouter, lire (1994), en passant par son célébrissime Tristes tropiques, publié en 1955, il construisit patiemment les concepts de son anthropologie structurale. Déjà fasciné dans sa jeunesse par le paysage sauvage de ses Cévennes familiales, c’est au sein des tribus amérindiennes qu’il inventa son système de pensée, porté par une interrogation permanente : quelles sont les conditions minimales à partir desquelles on peut dire qu’une société humaine existe ?
Contre l’ethnologie (abstraite) dominante en France, nourrie des écrits de Durkheim, il fait l’expérience de l’altérité radicale, réintègre l’observateur dans l’objet de son observation, en cherchant à définir les lois d’organisation sociales. Il confiait pourtant que le succès public de Tristes tropiques reposait sur un malentendu, vu qu’il était né d’un échec, celui d’en faire un roman… Professeur honoraire au Collège de France, où il occupa la chaire d’anthropologie sociale de 1959 à 1982, Lévi-Strauss portrait moins bien le jean Levis que la redingote désuète et le chapeau tricorne de son habit d’Académicien. Il avait son attachement à ces rituels, même hexagonaux, comme la marque d’une légère coquetterie et de la cohérence d’une pensée civilisée, qui des rives de l’Amazone à celles de Saint-Germain-des Prés, reste traversée par la même exigence, à la fois de son époque et hors du temps.
Rediffusion de Lévi-Strauss par lui-même, documentaire de Pierre-André Boutang et Annie Chevallay, mercredi 4 novembre sur Arte à 21h55
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