Hier, l’ancien ministre de l’Intérieur a accepté de répondre à nos questions sur la mise en examen, le 21 mars, de Nicolas Sarkozy. S’il précise ne pas « avoir le dossier » judiciaire, sa foi en son mentor le pousse à réfuter tout indice « grave ou concordant » pour ne voir que des « coïncidences ».
Sur iTélé, vous avez expliqué que la mise en examen de Nicolas Sarkozy représentait un bon exemple des dérives des juges d’instruction indépendants
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J’ai dit que le problème de l’instruction, c’est que le juge n’est qu’un homme. Il peut se tromper et la procédure (à charge et à décharge) n’est pas complètement satisfaisante.
Vous pensez que le juge bordelais (Jean-Michel Gentil) se trompe ?
Oui. D’ailleurs, s’il y a des procédures d’appel qui sont prévues, c’est aussi pour rectifier les erreurs. Mais ceci dit, moi je n’ai pas le dossier du juge. C’est une appréciation générale que je fais.
Rejoignez-vous certains membres de l’UMP (comme Laurent Wauquiez) qui perçoivent dans cette affaire une « utilisation de la justice à des fins politiques » ?
Ecoutez, moi je n’ai aucune espèce d’indication qui me laisse penser que c’est un coup politique. Cela a une conséquence politique, ça c’est vrai. C’est tout et c’est tout à fait différent.
Vous ne pensez donc pas qu’il y ait eu une intervention de l’exécutif auprès de la justice ?
J’ose espérer qu’il n’y a pas d’intervention de l’exécutif sur un juge d’instruction. Ou alors, c’est à désespérer de la justice et de l’exécutif en même temps (il rigole brièvement).
En parlant d’intervention de l’exécutif dans des procédures judiciaires, le Monde a détaillé à partir de mails et des agendas de Nicolas Sarkozy saisis par la justice, qu’un rapport direct apparaissait entre les « rendez-vous privés » à l’Elysée du procureur de Nanterre Philippe Courroye et les avancées de l’enquête préliminaire dans l’affaire Bettencourt. C’est étonnant non ?
Oui, je veux bien que ce soient des éléments qui permettent d’en tirer des conclusions quand on est à charge. Mais ça ne veut pas forcément dire quelque chose si vous êtes à décharge. Ce matin, j’entendais l’un de vos confrères reconnu et respecté sur la place qui me disait : « le problème de la coïncidence en matière judiciaire c’est un grave problème« . Je crois que c’est vrai.
Pourquoi le juge Gentil a-t-il estimé, sans intervention de l’exécutif selon vous, qu’il existait des « indices graves ou concordants » permettant la mise en examen de Nicolas Sarkozy pour « abus de faiblesse » sur Liliane Bettencourt ?
Ces éléments peuvent ne pas exister aussi. Voilà. Vous savez, je lisais tout à l’heure, et j’imagine que vous avez lu le Monde hein, un article dont le titre c’est : « le juge gentil est convaincu que l’ex-président a commis un abus de faiblesse ». « Convaincu » : qu’est ce que ca veut dire ?
Que son investigation lui a apporté des éléments dans ce sens ?
Je n’en sais rien moi, je n’en sais rien. Je dis simplement que j’ai du mal à comprendre une mise en examen qui, en bon français, veut dire qu’on soupçonne Nicolas Sarkozy d’avoir extorqué de l’argent à quelqu’un en état de faiblesse. Ca me parait invraisemblable. Et d’abord ça supposerait qu’il ait tiré un profit, ce qui à ma connaissance n’a pas été identifié.
Il s’agirait d’argent liquide donc, par définition, dont la trace ne s’identifie pas aisément.
Je n’en sais rien moi. Mais de toute façon, c’est un élément qui est absolument déterminant. Dire qu’il a existé (l’argent) alors qu’on ne le trouve pas, c’est un peu audacieux je trouve. Je relisais tout à l’heure dans le Monde, parce que je n’ai pas spécialement cette affaire fraiche à la mémoire, les différents témoignages. Encore une fois, on s’aperçoit que le secret de l’instruction est foulé au pied, bon c’est encore une chose, mais surtout (on s’aperçoit que) personne n’a jamais rien vu.
Directement ?
Quand on voit quelque chose, c’est pas direct ou indirect, c’est vu. C’est tout hein. En second lieu, cette mise en examen supposerait que Nicolas Sarkozy ait rencontré madame Bettencourt. Or, apparemment, il a rencontré monsieur Bettencourt. Donc ça me surprend effectivement.
Pourtant, plusieurs membres de l’entourage de la milliardaire ont déclaré avoir vu Nicolas Sarkozy rencontrer madame Bettencourt en 2007 ?
Moi le président Sarkozy dit ça, je le crois.
C’est normal, vous êtes un ami.
Non, ce n’est pas seulement une question d’amitié. Je sais quel homme il est. Et, si il dit ça, c’est qu’il dit la vérité.
Vous appartenez à son premier cercle et à sa famille politique, pourriez-vous dire autre chose ?
Oui, oui, où est-ce que vous voulez en venir ? On s’arrête là ou bien ?
Une dernière petite question…
Moi je ne vais pas faire l’instruction des affaires en cours. Car je pense que l’instruction des affaires n’a pas à être faite sur la place publique. Et je ne le fais pas.
Les trois affaires qui ont été prolongées judiciairement cette semaine (Lagarde, Cahuzac, Sarkozy) ont été sorties par Mediapart, qu’en pensez vous ?
Jai cru comprendre que Mediapart pratiquait un journalisme d’investigation. Alors que d’autres n’ont pas cette spécialité. C’est tout.
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