En s’excusant à la télévision, Jérôme Cahuzac a fait son apparition dans la liste des hommes politiques qui se sont confessés publiquement. L’occasion d’en (re)découvrir certains.
« Ma faute est impardonnable« , « j’avais une part d’ombre« , « je me consume de l’intérieur« … Dans l’interview qu’il a donnée mardi 16 avril à BFM – la première depuis ses aveux – Jérôme Cahuzac s’est livré à un exercice proche de l’auto-psychanalyse. Face au journaliste Jean-François Achili, le ministre déchu est revenu durant près de trente minutes sur l’affaire qui a provoqué sa chute. Si ces séances de confession publique sont plutôt rares en politique, plusieurs grands dirigeants ont dû tout de même s’y plier. L’occasion de revenir sur les plus marquantes.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
1) Richard Nixon, le précurseur
« Je suis désolé. (…) J’ai laissé tomber mes amis, j’ai laissé tomber le pays. (…) J’ai abandonné le peuple américain. Et je devrai porter ce fardeau pour le reste de ma vie. »
1977. Richard Nixon, éclaboussé par le scandale du Watergate, a quitté la Maison Blanche depuis trois ans. Terré chez lui, il accepte une série de quatre interviews télévisées menées par l’atypique David Frost, animateur de variété sans grand bagage politique. Regardée par plus de 45 millions de personnes, la joute verbale accouche de la confession d’un Nixon défait.
http://www.youtube.com/watch?v=tuwfBbZUEPM
2) Bill Clinton, contraint et forcé
« J’ai trompé le public, y compris ma femme. Je le regrette profondément. »
Si Nixon était mort politiquement, Clinton, lui, jouait sa peau. En 1998, le président américain est empêtré dans un scandale sexuel avec sa jeune stagiaire Monica Lewinsky. Le procureur Starr veut la tête de Bill Clinton et le Congrès tente une procédure d’inpeachment. Clinton présente alors ses excuses en direct à la télévision américaine, seul face à son prompteur. Le numéro dure quatre minutes. Suffisant pour confesser « une relation inappropriée« . Et étouffer (un peu) la polémique.
http://www.youtube.com/watch?v=7r4e5Wg4PDI
3) Dominique Strauss-Kahn importe la méthode en France
« C’est plus grave qu’une faiblesse, c’est une faute morale dont je ne suis pas fier. Je la regrette tous les jours et je crois que je n’ai pas fini de la regretter. »
En septembre 2011, TF1 obtient la première interview de Dominique Strauss-Kahn. Un dimanche soir. La France découvre avec curiosité et intérêt (plus de 13 millions de téléspectateurs) la pénitence publique d’un homme politique à l’intérieur de ses frontières. L’ancien directeur général du FMI, toujours poursuivi au civil par Nafissatou Diallo, s’explique durant 20 minutes. Mais l’exercice sonne faux : gestes théâtraux, silences répétés, éléments de langage… Sans oublier le fameux rapport du procureur Vance qu’il brandit tout au long de l’interview. Tel Bill Clinton, treize ans plus tôt, Strauss-Kahn parle de « relation inappropriée« .
4) Juan Carlos invente les contritions royales
« Je regrette beaucoup, je me suis trompé, et cela ne se reproduira pas. »
Les rois aussi savent s’excuser devant leur sujets. Du moins en Espagne. L’histoire commence au Botswana, en avril 2012. Juan Carlos chasse alors l’éléphant, mais trouve le moyen de tomber et de se blesser. Il se brise la hanche. Rapatrié et opéré, le monarque est étrillé par son peuple qui ne lui pardonne pas ce coûteux et douteux hobby. Juan Carlos n’a d’autre choix que de demander pardon. Ce qu’il fait, de manière cocasse : à l’hôpital, boitant et semblant perdu. La polémique est évacuée en une trentaine de secondes. Avec succès car le souverain est pardonné.
5) Nick Clegg, promesses non tenues
« Ce ne sont pas des choses aisées à dire : nous avons fait une promesse, nous ne l’avons pas tenue, et je m’en excuse. Quand on fait une erreur, on doit s’excuser. »
Septembre 2012. Nick Clegg, le vice-Premier ministre britannique et leader des Libéraux-Démocrates souhaite enrayer la chute de son parti dans les sondages. Un désamour causé par une promesse qu’il n’a pas tenue, à savoir la non-augmentation des frais d’inscriptions à l’université. Nick Clegg décide donc de s’en excuser publiquement. Avec une méthode assez unique en son genre : une vidéo de plus de deux minutes dans laquelle le libéral offre un numéro d’acteur qui fera date outre-Manche. Nick Clegg en profite même pour faire une nouvelle « promesse » à la nation : « Nous ne vous ferons plus jamais de promesse qui ne puisse être tenue. » Sa prestation n’a récolté que les sarcasmes des sujets de la couronne.
{"type":"Banniere-Basse"}