Alors qu’un rapport pointe plusieurs cas de torture dans des interrogatoires menés par la CIA sous la présidence de Bush, Obama annonce la création d’une nouvelle unité chargée des interrogatoires et le ministre de la Justice rouvre de vieux dossiers.
Un rapport de l’Inspecteur général de la CIA, datant de 2004 mais rendu public le 24 août revient sur les méthodes d’interrogatoires « musclées » de l’agence de renseignement. Le texte a été déclassifié à la suite d’une action en justice menée par l’Union américaine pour les libertés civiles et publié par le New York Times (avec de longs passages caviardés).
En vrac : simulation de noyade, privation de sommeil, exposition à des températures extrêmes, à des volumes sonores insupportables ou à de la fumée de cigarette en plein visage. Le rapport détaille quelques cas, dont celui de Khaled Cheikh Mohammed, haut responsable d’Al Qaida à l’origine des attentats du 11 septembre. Les agents responsables de son interrogatoire l’ont menacé de tuer ses enfants, alors sous la garde des autorités pakistanaises et américaines, s’il refusait de parler. Un interrogateur a laissé entendre à un autre prisonnier soupçonné de terrorisme que sa mère pourrait être amenée et violée sous ses yeux.
Abdel Rahim al-Nachiri, principal suspect de l’attentat au Yémen contre le navire USS Cole en 2000, a été menacé avec une perceuse électrique. « L’interrogateur est entré dans la cellule et a allumé la perceuse pour effrayer le détenu qui se tenait nu, une cagoule sur la tête », assure l’inspecteur général.
Dès la campagne électorale, Barack Obama avait affiché sa volonté d’en finir avec les prisons secrètes et les actes de torture de la CIA. En janvier dernier, il confiait à un groupe de travail le soin de réfléchir aux règles applicables dans les interrogatoires. Malgré les abus, les experts ont estimé que les règles du manuel de terrain de l’Armée de terre – qui interdit l’usage de la torture – étaient « adaptées ».
Le président américain a annoncé la création d’une unité d’élite, chargée d’interroger les suspects clé dans les affaires de terrorisme. Le « High-Value Detainee interrogation group » (HIG) sera placé sous l’autorité du Conseil de sécurité nationale, qui dépend directement du président, et installé dans les locaux du FBI. La CIA participera à cette nouvelle unité mais se voit ainsi retirer son monopole sur ces interrogatoires. Les procédures de transfèrement international des détenus devraient également être revues, pour renforcer les garanties que donnent les pays quant à l’usage de la torture.
Le ministre de la justice, Eric Holder, a par ailleurs annoncé la nomination de John Durham au poste de procureur spécial. Il pourrait rouvrir plusieurs dossiers impliquant des agents de la CIA dans des violences contre les prisonniers. Le directeur de la CIA Leon Panetta s’est dit opposé à la réouverture de ces dossiers, datant de plusieurs années.