Après le départ du directeur de cabinet de Christiane Taubira, Gilles Le Chatelier, « le Canard enchaîné » estime que son équipe ministérielle est au bord de la crise de nerfs. Contactés par “Les Inrocks”, des membres de son équipe contredisent la description de l’hebdomadaire satirique.
Sourire aux lèvres pour certains, mains dans les poches pour d’autres, l’équipe de conseillers de Christiane Taubira prend la pose, façon photo de classe, dans les escaliers de l’Hôtel Bourvallais de la place Vendôme. Postée sur Twitter par un des conseillers de la ministre, l’image est accompagnée d’un commentaire : « On va bien, merci », en réaction à un article du Canard enchaîné intitulé « Le cabinet de Taubira réduit en esclavage ».
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On va bien, merci :) @canardenchaine #TeamTaubira pic.twitter.com/qihl3PfjAQ
— Elie Patrigeon (@epat4) 19 Mai 2015
Le Canard évoque le départ du directeur de cabinet de la ministre, Gilles Le Chatelier. C’est le troisième directeur de cabinet à quitter ce poste – comme un symbole de la difficulté à travailler aux côtés la garde des Sceaux. « Le découragement gagne les troupes, et pas mal de collaborateurs planifient leur départ », écrit le journal satirique. Et cite un « conseiller lessivé ».
« On navigue au jour le jour, en roue libre, aucune décision n’est prise, les gens bossent comme des chiens, quinze heures par jour, mais sans consigne, sans direction et sans que rien soit tranché. Quant à Taubira, elle vibrionne, s’absente de plus en plus, et, quand elle est là, elle hurle sur tout le monde… »
Un titre « douteux »
En somme, un tableau assez terrible dressé par l’hebdo mais qui serait assez éloigné de la réalité, selon certains membres du cabinet. Au ministère, l’information du Canard en fait bondir plus d’un. “C’était extrêmement agressif et blessant. On nous fait passer pour des gens en pleine souffrance et sans aucune personnalité, s’énerve un collaborateur de la ministre. On est dans un cabinet ministériel, ce n’est pas de tout repos. Mais on ne pousse pas des wagonnets au fond de la mine quand même!”
Autre raison de la colère : le titre. L’utilisation du mot « esclavage » ne fait pas rire au cabinet de Christiane Taubira. Surtout à l’égard d’une ministre qui a donné son nom à une loi mémorielle sur l’esclavage et qui était, il y a une dizaine de jours, présente à Pointe-à-Pitre pour la journée de commémoration. « J’ai trouvé le titre vraiment douteux, ça ressemblait plus à Rivarol ou Minute qu’au Canard enchaîné« , commente une source proche du ministère.
La valse des dircab’
Quant aux changements permanents des directeurs de cabinet on préfère, dans l’entourage de la ministre, parler plutôt d’un concours de circonstances. Le premier, Christian Vigouroux, un homme d’expérience, aurait davantage servi à lancer le cabinet de la ministre avant de retourner vers le Conseil d’Etat. Son successeur, Christine Maügué, aurait quant à elle payé son erreur de jugement dans l’affaire des écoutes de Nicolas Sarkozy. Enfin, le dernier en date, Gilles Le Chatelier, est parti pour « des raisons personnelles ».
Et si le nom d’Alain Christnacht, ancien conseiller de Jospin, comme remplaçant commence à circuler, sa nomination n’aurait pourtant rien d’un secret. Alors forcément, quand Le Canard fait état d’une ministre « qui ne semble pas pressée » de désigner un successeur à M. Le Chatelier, ça énerve certains de ses collaborateurs. « Ce qui l’intéresse est d’avoir un dircab’ en qui elle a confiance et avec qui elle puisse travailler » souligne l’un d’entre eux. « Mais dès qu’elle fait le moindre geste, on lui tombe forcément dessus. »
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