La droite a saisi le Tribunal constitutionnel, jugeant la légalisation partielle de l’avortement contraire au « droit à la vie ». Celui-ci doit se prononcer sur la recevabilité du recours ce 8 août.
C’est une victoire historique pour les féministes chiliennes. Ce 2 août, le Parlement a voté une loi dépénalisant partiellement l’avortement, qui était interdit depuis 1989 (selon la volonté d’Augusto Pinochet à la fin de la dictature). Désormais, l’interruption volontaire de grossesse (IVG) est autorisée en cas de risque pour la vie de la femme enceinte, de non viabilité du fœtus, et de viol. Aussi incroyable que cela puisse paraître, jusqu’à présent, l’avortement était puni au Chili d’une peine allant de trois à cinq ans de prison, comme le rappelle Le Monde.
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Listo!!!!! El proyecto de Interrupción Voluntaria del embarazo en 3 causales es despachado del congreso nacional TOTALMENTE APROBADO ✊🏻✊🏻
— Karol Cariola Oliva (@KarolCariola) August 3, 2017
Insultes et interruptions pendant les débats parlementaires
Cette victoire a été conquise de haute lutte, au prix de débats entrecoupés d’insultes et interrompus parfois par des activistes religieux au Parlement (l’Opus Dei est notamment très influent au Chili). Les conservateurs chiliens, qui considèrent l’avortement comme un assassinat, y sont toujours fermement opposés. La droite (opposition), jugeant que le droit à l’avortement est contraire au droit à la vie inscrit dans la Constitution, a d’ailleurs saisi le Tribunal constitutionnel à ce sujet. Celui-ci peut encore décider de revenir en arrière, alors que son futur président, Ivan Arostica (qui prendra ses fonctions le 30 août) est opposé à la légalisation de l’IVG. Au cours d’un débat le sénateur de l’UDI (extrême droite) a ainsi déclaré :
« Il y a des gens au Chili qui sont en prison parce qu’ils ont projeté des avortements, oui, et ils sont bien en prison! »
#Apoyo3Causales @jacoloma: "Hay gente presa en Chile, por plantear aborto, SÍ, y bien presas están".
Por favor, votemos para BOTARLOS! pic.twitter.com/P2p9qNJyZG
— Felipe Henríquez Ordenes (@PipeHenriquezO) July 19, 2017
La députée communiste Camila Vallejo s’était illustrée pendant les débats au Parlement lors d’une intervention poignante où elle avait attaqué les détracteurs de la légalisation de l’avortement en déclarant notamment :
« Ils ne défendent pas la vie, ils méprisent les femmes ».
120 000 avortements clandestins par an
On évalue à 120 000 le nombre d’avortements pratiqués au Chili tous les ans dans la clandestinité. La présidente Michelle Bachelet (centre-gauche), qui gouverne depuis 2014 (après un premier mandat entre 2006 et 2010) en avait fait une de ses batailles politiques prioritaires. Alors qu’elle passera la main en mars 2018, il était temps que ce droit soit enfin adopté.
« Aujourd’hui, nous les femmes avons récupéré un droit essentiel que nous n’aurions jamais dû perdre : celui de prendre des décisions lorsque nous vivons des moments de douleur », a-t-elle déclaré sur Twitter.
Hoy las mujeres recuperamos un derecho básico que nunca debimos perder: decidir cuando vivimos momentos de dolor. #YoApoyo3Causales
— Michelle Bachelet (@mbachelet) August 3, 2017
D’après une enquête récente, 71% des Chiliens approuvent cette loi, mais ils ne sont que 15% à être en faveur d’une légalisation totale. Le sénateur Alejandro Guillier (Indépendant) a ainsi déclaré sur Twitter : « Nous continuerons à écrire l’histoire par la lutte, pour la dignité des femmes, même si la droite s’oppose à la majorité. »
Seguiremos haciendo historia en la lucha por la dignidad de las mujeres, aunque la derecha vaya contra la mayoría #YoApoyo3Causales
— Alejandro Guillier (@guillier) August 2, 2017
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