La moralisation de la vie publique est en marche mais la pente est forte.
Tout au long de la longue marche d’Emmanuel Macron vers la bicoque rococo du VIIIe arrondissement, tu fus son fidèle sherpa, ce qui t’aura valu logiquement au bout de la route un poste de ministre, celui de la Cohésion des territoires.
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Parti du tréfonds anonyme du Parti socialiste (R.I.P.) au début des années 1980, cacique à la rose dans le Finistère mais inconnu partout ailleurs, ce catapultage au devant des estrades et sous les sunlights des tropismes politiques forçait le respect.
Notable provincial
Un jeune chien fou ayant toujours besoin d’un lanceur de balles, un sprinter olympique d’un sparring-partner plus calme et endurant, tu occupas pendant des mois cette position de missionnaire tempéré, décodant sur les plateaux cette démarche vers la gloire qui nous perdait parfois en route, surtout lorsque l’athlète fait des haltes chez de Villiers ou Estrosi.
Bref, Richie, cette élection, on la doit un peu beaucoup à toi, à ton allure bonhomme et bien mise de notable provincial poivre et sel.
Mutualisation des profits
Et puis voilà, à peine une semaine après ta prise de fonction dans ton cabinet, Le Canard a déjà récuré tes eaux troubles pour y pêcher une sombre affaire de magouillerie familiale.
Une histoire de marché immobilier remporté par ton épouse, avec la location d’un logement commercial par les Mutuelles de Bretagne, dont tu fus le directeur pendant plus de dix ans. En résumé, tu as fait louer des locaux à une société civile immobilière qui était dirigée par madame, ce qui en matière de mutualisation des profits (un demi-million d’euros, quand même, sans parler des travaux de rénovation à la charge de ta boîte) semble une sorte de modèle achevé.
Yo-yo
Tu t’es défendu en arguant que le montage n’était pas illégal, ce qui est sans doute vrai. Pas illégal mais pas très moral.
Et c’était reparti pour l’éternel mouvement de yo-yo entre ce qui est permis et ce qui est vertueux, sport dont François Fillon est passé maître durant sa calamiteuse affaire, mais dans lequel tu te défends désormais pas trop mal.
Justification
Mais le meilleur, c’est encore cette autre révélation sur l’emploi de ton fils comme assistant parlementaire, pour quelques mois et quelques milliers d’euros d’argent de poche public en 2014. Là encore, rien d’illégal, mais pas très moral. Yo-yo seconde manche.
Ce qui nous a troués, c’est la justification par ton cabinet de l’emploi du mouflet au détriment d’un autre quidam non inscrit sur ta déclaration de revenus. “Je vous invite à aller faire un tour en Centre-Bretagne, répondirent tes sbires. Ce n’est pas simple de trouver un jeune volontaire, pour travailler cinq mois, qui sait lire et écrire correctement, aller sur internet.”
Feignasses analphabètes
Voilà, c’est donc ça, la jeunesse de cette région du monde dont tu fus le représentant ne serait donc qu’un ramassis de feignasses analphabètes et alcooliques, torchées du matin au soir au chouchen et incapables d’aller sur internet autrement que pour se lustrer le menhir en matant YouPorn.
Seule exception à ce tableau apocalyptique de la jeunesse bretonne établi par le ministère de la Cohésion des territoires (c’est mal barré) : ton fiston. Sacrée famille de vainqueurs, on se croirait chez Fillon.
Je t’embrasse pas, va jouer au yo-yo.
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