(Billet dur) Le patron du Medef, pour lequel le gouvernement paraissait avoir taillé une loi travail sur mesure, compte désormais parmi les déçus de François Hollande.
J’ai comme l’impression, depuis quelques jours, que ça sent le gaz pour la loi travail, cette peau de chagrin dont tu comptais toutefois te faire un string et que tu menaces désormais de faire capoter. Trois semaines, pas un jour de plus. C’est le délai que tu laisses au gouvernement pour faire passer le texte, de gré ou de force, sinon tu menaces de faire exploser les négociations parallèles sur l’assurance chômage.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Le Medef, ma parole, c’est devenu le Molenbeek du dialogue social. On ne négocie plus, on pose des ultimatums, sinon on fait tout péter. Si j’étais à la place du quatuor Hollande, Valls, Macron, El Khomri, j’aurais la sensation d’avoir passé la nuit dans une backroom, un jour de pénurie de vaseline et de livraison de gravier. Car cette loi pourtant, c’était un peu ton bébé. Et qu’un gouvernement de gauche ait choisi d’en être la mère porteuse, confondant PME et PMA, c’était pour toi une victoire doublement réjouissante.
Pierrot Gourmand au pays des merguez
Mais voilà, la loi dont tu rêvais, celle qui ne laissait plus aucun droit aux salariés sinon celui d’aller se pendre, a légèrement pris du plomb dans son aile libérale. Les syndicats amateurs de merguez s’en sont mêlés, et puis des milliers de gens se sont dressés fièrement sur les places des grandes villes pour réclamer son abolition.
Du coup, on a retaillé le costard que tu considères désormais trop étroit, surtout au niveau des poches où tu comptais bien planquer les dividendes qu’une telle loi ne manquerait pas de faire dégringoler. Le scénario est bien huilé Pierrot gourmand, et cette brèle de Hollande, comme Valls son petit caporal rigide, n’ont toujours pas compris que tu te foutais ouvertement de leurs gueules.
Déjà, au moment du pacte de compétitivité, toi et ta secte des grands patrons avez raflé toute l’oseille de la baisse des charges en faisant miroiter la création d’un million d’emplois en échange. “Je ne me suis jamais engagé à créer un million d’emplois”, as-tu pourtant osé affirmer dans On n’est pas couché, confortablement assis sur tes promesses, plus frivole encore que Cahuzac quand il prétendait n’avoir qu’un livret Tiwi au Crédit Agricole.
Un prodigieux doigt d’honneur
T’avais rien promis, Pierrenocchio ? T’en avais même fait un pin’s, tu dois d’ailleurs en avoir un sacré stock en réserve, et tu mériterais qu’on te les fasse bouffer un par un, pas nécessairement par l’orifice prévu à cet effet. Car à ce niveau de cynisme, on n’est plus dans la manœuvre syndicale, fût-elle patronale, mais dans le racket à visage découvert, assorti d’un prodigieux doigt d’honneur. “Il faut arrêter la culture du compromis à la française du donnant-donnant”, paradais-tu l’autre jour, manière polie de dire que tu nous avais tous niqués avec panache.
Même Valls, dont la lucidité semble tourner au diesel, a parlé de “prise d’otages” après tes menaces. Gaffe, Gattazounet, bientôt Cazeneuve va t’envoyer le GIGN, le Raid et la BRI, histoire de calmer tes ardeurs explosives. Et là, ton pin’s ridicule risque d’apparaître comme un bien léger bouclier.
Je t’embrasse pas, j’aime pas les ultimatums.
{"type":"Banniere-Basse"}