Cher Michel Polnareff

Comment ça, c’est pas toi le mec de la pub Cetelem ? Non mais c’est dingue, c’est ton portrait craché ! J’avais des doutes au départ, mais avoue que les faisceaux de correspondances ont fini par s’aligner : un gars un peu loser qui se la pète à Hollywood, l’épisode des mains prises dans le ciment comme allégorie de ton impuissance à composer la moindre chanson depuis trois présidents de la République (et le double en présidences US), sans parler des crédits pharaoniques qui ont épuisé durant la même période tes maisons de disques, tout ça c’est Polna ! Le Roi des fourmis, mon cul ! L’empereur des cigales, ouais ! Certes, je te concède qu’il y a mieux comme biopic que cette réclame low cost, mais tu remarqueras que Michael Jackson, Marilyn Monroe et Bruce Lee, plus conciliants avec le droit à l’image, ne se sont pas abaissés à porter plainte.

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Et puis merde, Michou, pourquoi as-tu attendu quatre ans avant de t’apercevoir que la réputation du distingué compositeur du Bal des Laze pouvait éventuellement pâtir du ridicule assumé de ce bal des nazes ? Entre nous, si tu commences à envoyer tes avocats au cul de tous ceux qui t’imitent, on n’est pas sorti des prétoires et Obispo comme Calogero peuvent commencer à préparer leurs chéquiers. Mais bon, puisque tu as visiblement décidé de laver les affronts au lieu de te concentrer sur cette Arlésienne désespérante que constitue ton nouvel album, ton premier depuis trente-cinq ans, j’ai un tuyau pour toi qui peut rapporter beaucoup plus de blinde que la pub du bonhomme vert. D’ailleurs, c’est toi qui vas être vert, accroche-toi au mât, l’Amiral, ça va tanguer.

Figure-toi qu’en 2007, l’usurpateur de Cetelem s’est fait passer pour toi à une échelle bien plus vertigineuse, en occupant Bercy ainsi que les plus grandes salles de concerts françaises pendant plus de soixante dates ! On t’a rien dit à L. A. ? Il a même joué sur le Champ-de-Mars à la demande d’un sosie de De Funès qui occupait alors l’Elysée. Je l’ai vu de mes yeux, c’était terrible, tragique, il chantait comme une truelle certains des plus grands trésors de la french pop, entouré d’une équipe de chantier qui en avait retaillé les ornements au marteau-pilon. J’aime mieux te dire que l’étoile aux scintillements princiers sous laquelle tu étais né quarante ans plus tôt avait alors pâli d’un seul coup à cause de ces malfaisants bas-de-plafond.

Et pourtant tu n’avais rien dit à l’époque, pas une plainte, pas même un démenti pour signaler à tes fans que ce guignol sapé en Jean-Claude Jitrois n’avait rien à voir avec l’archange en jabot de dentelle des Ame câline, Mes regrets ou Ça n’arrive qu’aux autres… Tout le monde s’est fait avoir, alors que la tromperie, franchement, était vraiment grossière. Attends, comment ça c’était vraiment toi ? Non mais c’est dingue ! Si jamais j’étais le Polnareff faussaire de Cetelem, je crois que je porterais plainte à mon tour pour usurpation d’identité de sosie de merde.

Je t’embrasse pas, je te fais plus crédit.