A n’en point douter en évoquant le sein nu de Marianne, le Premier ministre a eu un gros coup de chaud.
Ces dernières semaines, où la courbe des températures grimpait plus vite que ne s’inversait celle du chômage, la chaleur t’aura carrément fait fondre un fusible. En particulier ce lundi 29 août, date d’un meeting du PS orthodoxe à Colomiers, qui se tenait en lieu et place de sa traditionnelle université d’été pour tenter une réanimation de la dernière chance au cimetière des éléphants.
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A la tribune, chemise blanche trempée et chevelure luisante, tu te lanças sur le sujet le plus torride du moment, surtout chez les fachos : le burkini. Ce putain de burkini, mirage de l’été, que peu de gens ont réellement vu de leurs yeux, surtout par rapport à ceux qui commentaient à distance l’omniprésence supposée et la perturbation inacceptable de nos tranquillités littorales.
Ce burkini empoisonné qui poussait les uns (Edwy Plenel en tête) à vouloir rhabiller tout le monde comme dans les années 1930, et les autres (Estrosi, Ciotti & Cie) à plaider pour un dépoilement général, laïc et républicain.
Marianne, cette demi-chaudasse
Peu soucieux d’un tel compagnonnage et du piège tendu, c’est dans la roue de ces derniers que tu pédalas dans le sable afin de trancher cet estival débat une fois pour toutes. J’ignore qui avait écrit ce discours, sans doute un conseiller surmené qui manquait d’affection, mais tu n’y allas pas avec le dos de la pelle à conneries lorsque tu lanças : “Marianne, le symbole de la République, elle a le sein nu parce qu’elle nourrit le peuple, elle n’est pas voilée parce qu’elle est libre. C’est ça la République !”
OK, Manolito, on va tenter de comprendre. Il fait chaud, tu as passé tes vacances avec Bernard Cazeneuve, t’as pas vu un nichon de la saison hormis un vague décolleté dans Fort Boyard, t’as les synapses qui commencent à chanter La Cucaracha avec l’accent de Francky Vincent, et t’as qu’une seule envie : mater une paire de meules. Ou au moins un sein, car Marianne, cette demi-chaudasse, n’a pas daigné faire don à la République de l’intégralité du matos.
Il fait un cagnard à crever, les sondages prennent l’eau, t’as plus rien à perdre, tu supplies l’assistance solférinienne de répandre cette nouvelle : on veut de la loche, des poitrines en liberté, des en pomme, des en poire, du moment qu’on se rince l’œil.
Des légendes à coups de storytelling bidons
Le gouvernement n’aura désormais qu’un seul cap, le Cap d’Agde ! On tolérera tout : des chattes, des bites, des tétons mais aucune fatma emmaillotée de la tête aux pieds. Rien à branler des fantasmes à Plenel et des pudeurs orientales, désormais c’est Marianne guidant le peuple jusqu’à la plage naturiste qui sera notre boussole.
Implicitement, tu engageais d’ailleurs les membres de ton gouvernement à montrer l’exemple, et, à part Jean-Vincent Placé qui était partant pour servir une fois à quelque chose, les autres, Najat Vallaud-Belkacem en tête, ont vite refroidi tes ardeurs. Le seul, en réalité, qui a répondu à cette injonction, c’est Emmanuel Macron. Dès le lendemain, porté par l’euphorie des exhibitionnistes mondains dont on aime à bâtir les légendes à coups de storytelling bidons, l’ex-ministre des Finances n’hésita pas, avant d’aller voir ailleurs, à te montrer son cul.
Je t’embrasse pas, tu peux aller te rhabiller.
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