Optimus Maximus, le Président se voit volontiers au sommet de l’Olympe d’où il peut contempler les sans-cravates inaptes à comprendre “sa pensée complexe”.
L’orage a frappé très fort ces derniers jours, alors que tu venais de descendre de l’Olympe pour aller à la rencontre de parlementaires, simples mortels réunis en congrès à Versailles. On comprend aisément que lorsque le dieu des dieux, celui du ciel, de la lumière, du tonnerre et de la foudre s’abaisse à faire un long voyage pour parler devant Christian Jacob, Jean Lassalle et Gilbert Collard, ça cogne violemment au céleste plafond qui abrite Sa grandeur.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Tu aurais pu te contenter d’envoyer Hermès, ton messager, joué par Bruno Le Maire, qui cumule les rôles de merde après avoir incarné Judas dans la tragédie sulpicienne Le Martyre de Penelope, mais tu préféras affronter en personne cette assemblée d’apôtres républicains qui, comparés à ton resplendissement jupitérien, ne sont rien.
Le spectre de la casse sociale
Sans les sans-cravate, qui préférèrent aux dorures du Roi-Soleil leurs canapés Fly pour commenter en jogging ta divine performance, il ne restait guère qu’une maigre résistance politique pour t’entendre. Les résistants au sommeil devant cet oracle, empli de tant de phrases creuses qu’on le croyait écrit par le nègre de Marc Levy, n’étant pas comptabilisables.
Les esthètes météorologiques, en revanche, n’auront pas manqué d’admirer la beauté des éclairs qui perforaient, en cette semaine de grande chaleur, les matinées ou les soirées, quand ton prédécesseur, dans sa normalité sans gloire, n’attirait que des pluies maussades, des pluies socialistes, des crachins minables ou de diluviennes et humiliantes rincées.
Depuis l’autoproclamation de ta métamorphose future en “chef d’Etat jupitérien” (Challenges, octobre 2016), on guette à chaque instant les manifestations de ce troublant destin. Vas-tu un jour te pointer à moitié à poil au conseil des ministres, un aigle sur l’épaule, en brandissant le sceptre de la casse sociale, du libéralisme goguenard ainsi que l’éclair de la start-up attitude ?
A quand le crépuscule des dieux ?
O Optimus Maximus, augustorum jeune winner de nos contrées de perdants, où s’arrêtera ton ascension ? A Las Vegas, dans la béchamel orchestrée par ta future ministre du Travail quand tu n’étais encore qu’un prétendant au Capitolium élyséen ? A l’automne prochain, quand les prolétaires fans de merguez et de pavés saignants seront en marche sur Paris et que tu découvriras la cruelle réalité de ta fonction en étant contraint de recevoir Philippe Martinez ?
En résumé, quand vas-tu te rendre enfin compte que la France n’est pas un péplum et que l’état de grâce qui te sert encore de bouclier pourrait vite se faire foudroyer par des orages protestataires moins jolis à regarder que ceux de tes fantasmes antiques ?
Je sais bien, mon Jupi, que ta “pensée complexe” ne pousse pas sur les mêmes sols que nos pâquerettes éditoriales, mais faudrait voir quand même à redescendre de temps en temps parmi nous. On en a connu d’autres, tel Alain Jupiter qui, à trop se voir à l’aube de toutes les splendeurs, ont connu plus vite que prévu le crépuscule des dieux.
Je t’embrasse pas, tu touches plus (jupi) terre.
{"type":"Banniere-Basse"}