Rares sont les poissons qui dérapent, si ce n’est ceux qui nagent dans des eaux troubles proches de l’extrême droite
Ça commence sérieusement à sentir le flétan en décomposition, ta campagne à la primaire de la droite, du centre et du saint-esprit. C’est dommage, car lors du premier débat réunissant le délinquant récidiviste et ceux qui veulent l’empêcher de récidiver, tu t’étais montré sous un jour étonnamment cool, modéré, limite swaggy dans ton costard marron de pimp 70’s.
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A tel point que les réseaux sociaux, ce soir-là, n’avaient d’yeux de merlan frit que pour toi, oubliant que tu concourais au nom de Boutin, empêchée d’y aller elle-même en raison du deuil de Jacques Chirac. Malheureusement, le dimanche suivant, tu nous rappelais en participant au come-back des zombies de la Manif pour tous que c’était bel et bien dans l’eau bénite des intégristes anti-pédés que tu nageais le plus à ton aise.
Mordre au hameçon de ce déglingo de Robert Ménard
Au milieu des morues et des thons, de Ludovine de la Rochère et de ses copines de carême, mon Jean-Frédo, tu sembles avoir le gardon qui frétille, mais plus encore lorsque c’est ce vieux hareng saur de Robert Ménard qui te tend son hameçon. Tu as d’ailleurs annoncé un peu hâtivement que tu allais faire estrade commune avec le maire de Béziers, avant de te rétracter sans pour autant nier tes accointances avec ce déglingo identitaire, mais simplement parce que tu risquais de te faire éjecter de l’aquarium de la droite prétendument modérée.
Tu t’es ainsi lâché sur Alain Juppé, porteur d’un “projet de société multiculturelle qui a mis la France à terre” et qui est selon toi “à côté de la plaque”, alors que tu es mécaniquement tenu de le soutenir si c’est lui qui sort, comme c’est fort probable, vainqueur de la primaire. Les eaux troubles dans lesquelles tu navigues désormais commencent sérieusement à donner des mycoses, surtout quand tu laisses planer l’éventualité d’un ralliement au FN – “on verra”, as-tu lâché – alors qu’il ne faut pas lire dans les entrailles d’un poisson pour deviner qu’avec Marine vous êtes sur la même ligne et que ça peut carrément faire mouche.
Plus frit, qu’homme libre
L’avantage avec l’extrême droite qui avance masquée, c’est qu’il y a toujours un moment où les vieilles odeurs de vase remontent à la surface, et avec toi on n’a pas attendu longtemps. Invité à commenter les élections américaines – au nom de quoi, on ne sait guère, tu ne t’appelles pas John Fitzgerald Fish que je sache –, tu as pointé dans Nice-Matin la proximité d’Hillary Clinton aux “lobbies sionistes”, usant ainsi de l’ancien lexique antisémite dont tu ignorais sans doute le caractère désormais tabou, du moins à haute voix, hormis chez Dieudonné, Soral et Rivarol.
Contraint de remonter à nouveau le courant et de présenter tes excuses, une fois encore pour ne pas perdre ta place dans le bocal à piranhas républicains. Tu te pensais un homme libre, en réalité tu es frit. Et t’as rien compris. Dans la France de 2016, on ne peut pas délibérément s’en prendre aux juifs ou aux homos, à mots couverts on a encore un petit crédit pour les musulmans et les migrants, mais sois patient. En 2017, si ça continue à ce rythme, tu pourrais bien te sentir comme un Poisson dans l’eau.
Je t’embrasse pas, j’ai pas la pêche.
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