Le président de l’UDI et député de Seine-Saint-Denis s’est plaint de son salaire de parlementaire qui, à l’en croire, vaut moins que celui du Français moyen
L’autre matin, sur le pont de Sully, alors que l’aube à peine défroissée illuminait au loin Notre-Dame d’une brume opalescente, j’ai vu passer la Garde républicaine. Lancé dans un trot matinal, ce peloton altier de cavaliers du protocole chevauchant leurs montures sculpturales était suivi de près par deux voitures de nettoyage, lesquelles effaçaient l’abondant crottin laissé derrière elles par ces bêtes bien nourries.
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Au même instant, hasard troublant, je prenais connaissance de ta sortie au galop, Lagarde, républicain du centre, à propos de ton salaire de député-maire. Et me disais que certaines voitures balais seraient bien utiles parfois pour nettoyer les paroles d’élus fort cavaliers.
Un saut par-dessus la décence
Interrogé par un journaliste morpion de Quotidien qui ne semblait vouloir lâcher tes couilles en plaqué or (7209,74 euros brut pour le seul émolument de parlementaire), tu répondais : “Moi monsieur, je vais vous dire que j’ai, à mon avis, moins que le salaire moyen des Français, au regard du nombre d’heures que j’y consacre, du peu de week-ends que je peux avoir et des responsabilités que j’exerce.”
Debout sur tes grands chevaux, tu calculais ainsi au doigt mouillé que ta semaine de 35 heures s’achevait pour toi le mercredi midi, qu’il te restait alors autant d’heures supplémentaires à sacrifier à tes administrés, et que du coup t’étais pas payé bésef.
Ça peut s’entendre, ne soyons pas démago, personne ne dit que tu ne mérites pas tes appointements, mais de là à les comparer au salaire moyen des autres travailleurs, ça ressemble quand même à un saut de haie par-dessus la décence.
Je comprends que du point de vue des notables électeurs de l’UDI, ces pharmaciens, chirurgiens prothésistes, chefs d’entreprise et autres professions libérales, tes 7 000 boules paraissent un peu dérisoires. Au country house du golf de Saint-Cloud, où personne n’émarge à moins de 20 k€ mensuels, tu dois passer pour un clochard, mon pauvre Jean-Cricri.
Obligé par discipline de soutenir Fillon la loose
Et les pulls bleu ciel que tu noues sur tes épaules fourbues de presque smicard d’une circonscription prolétaire (Seine-Saint-Denis, l’enfer vu depuis le green) sont sans doute de piètre qualité comparés à ceux de tes sympathisants. Ah l’UDI, parlons-en, quelle belle entité du rien et de l’inutile, depuis que Macron trône à l’Elysée.
Pendant la campagne, on sentait que tu l’enviais du regard, le jeune prodige, obligé par discipline de persister à soutenir “Fillon la lose”, retirant trop tard cet embarrassant soutien pour finir par ne plus rouler pour personne sinon droit dans le mur.
Tu ressemblais à ces gosses que l’on oblige à rester enfermés chez mémé, à manger des gâteaux secs périmés portant des proverbes du XVIIIe siècle, pendant que dehors s’amusaient les gens de ton âge. Un tuberculeux du centre de nulle part, un has-been giscardien privé de toute influence.
En raison de ton salaire de forçat, tu n’as pas jugé bon de te déplacer jusqu’au congrès de Versailles, lundi, parce que “c’est inutile et que cela coûte cher”. Au prix du pass Navigo, je te comprends, mais tu aurais pu louer un cheval.
Je t’embrasse pas, t’es trop pauvre.
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