(Billet dur) Avec son appel pour imposer aux radios des quotas de chansons françaises plus contraignants, Francis Cabrel va-t-il nous forcer à l’exil ?
On joue aux devinettes ? Qui a écrit “Ils m’entraînent au bout de la nuit, les démons de minuit, ils m’entraînent jusqu’à l’insomnie, les fantômes de l’ennui” ? Ou encore “Au Macumba, Macumba, elle danse tous les soirs, pour les marins largués qui cherchent la bagarre” ?
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Allez, un dernier, plus difficile : “C’est ma prièèèère, je viens vers toi, c’est ma prièèèère, je suivrai ta loi” ? T’as trouvé forcément, puisque l’immortel auteur de ces paroles pour Images, Jean-Pierre Mader et Mike Brant n’est autre que ton ami et “homie” toulousain Richard Seff.
Chanteurs défenestrés
Des paroles, nous en convenons tous bien volontiers, qui ont marqué la chanson française avec autant de puissance et de profondeur que Dostoïevski la littérature en langue russe ou toi-même, mon Francisco, l’histoire de la moustache.
C’est donc sous l’autorité naturelle qu’impose ce chroniqueur exquis des tréfonds de l’âme des noctambules du Sud-Ouest et des chanteurs défenestrés que tu mènes actuellement un combat de la plus haute urgence : la sauvegarde de la chansong frangsaise, putaing cong.
“Le patriotisme comme porte-étendard”
En effet, avec Richie, vous avez lancé un appel, que dis-je, une véritable supplique pour ne pas être enterrés sous les plages musicales yankees.
En vue de l’examen par le Sénat, cette semaine, du projet de loi relatif à la liberté de création, à l’architecture et au patrimoine, portée par la nouvelle ministre de la Culture, Audrey Azoulay, vous appelez carrément à un “consensus qui aurait le patriotisme comme porte-étendard”.
Guy Lux
En résumé, toi le trouvère et ton pote le poète souhaitez que l’on exige des radios qu’elles diffusent encore plus de chansons en français, sans doute du type de celles citées plus haut.
C’est un fait, il n’est guère de raisons objectives pour que les générations maudites ayant eu à endurer ces merdes chez Guy Lux et au Top 50 n’obligent pas leurs descendants au même calvaire.
Bouter les rosbifs
Allez, tout le monde au Macumba à se frotter le bassin sur Les Démons de minuit ! Toi aussi Francis, lâche-toi dans ton corps, fais tomber la chemise, même si on finit comme Mike Brant on s’en branle, on est des patriotes, on a tous un peu de Jeanne d’Arc en nous pour bouter les rosbifs hors de nos ondes nationales.
Philippe de Villiers et Robert Ménard vont nous rejoindre, on ira manger un kebab au porc à six du mat en chantant du Jean-Pax Méfret comme des sacs à vomi.
Demander l’asile
Bon sérieusement, j’ai lu votre appel patriote à quatre mains, vous demandez que l’on impose aux radios, déjà soumises à des quotas de 40 % de Christophe Maé et de Maître Gims, qu’elles les diffusent à des heures décentes : “Matin, après-midi et… début de soirée.”
Et là j’ai immédiatement pensé : “Et tu chantes, chantes, chantes, ce refrain qui te plaît, et tu tapes, tapes, tapes, c’est ta façon d’aimer…” C’est pas du Richard Seff mais ça aurait pu. Au fait, votre texte se termine par “Musicalement vôtre”. J’ai eu envie de demander l’asile musical à la Corée du Nord en lisant ça.
Je t’embrasse pas, musicalement pas très vôtre.
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