Un ministre de l’Economie en pleine gueule de bois post-fuck off électoral.
En dépit de la sémillante jeunesse qui fait office chez toi d’attribut principal, la canicule ne t’a visiblement pas réussi. En ces jours de fortes chaleurs que nous venons de traverser, où il ne faisait pas bon voyager dans les cars si chers à ton cœur, tu as plusieurs fois donné l’impression de rouler sur la jante à en faire fondre le macadam.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Première alerte au lendemain du triomphe du “oxi” en Grèce, comme pour tenter d’en atténuer la joyeuse déflagration, tu établissais dans une interview à La Provence un parallèle entre le FN et Syriza, selon toi les “symptômes d’un même mal” menant à une “coagulation des contraires”.
De jolies formules scélérates pour alerter d’une coalition rouge-brun européenne qui prendrait en tenaille le social-libéralisme pro-austérité dont tu es la mascotte. En prenant la précaution de préciser, comme variable de l’équation fachos = gauchos, “toutes choses égales par ailleurs”, tu cherchais à déminer à travers une sémantique précieuse les mauvais procès qui ne tarderaient pas à te tomber sur la gueule.
On ne fera pas ici la démonstration des différences qui séparent le parti raciste, autoritaire et europhobe de Marine Le Pen et celui, humaniste, progressiste et, oui, europhile, d’Aléxis Tsípras, ce serait donner trop d’importance à ces propos de gueule de bois post-fuck off électoral.
Toutes choses égales par ailleurs, comme tu dis, Big Mac, tu es le ministre de l’Economie de droite le plus arrogant depuis Nicolas Sarkozy, ce qui renseigne, si besoin était, sur tes ambitions. Pourtant, ton souhait profond, avoué à l’hebdomadaire Le 1 mercredi dernier, ce serait non pas la présidence, mais carrément un trône.
Oui, tu devais avoir très chaud à la cafetière ce jour où tu avouas : “Il y a dans le processus démocratique et son fonctionnement un absent. Dans la politique française, cet absent est la figure d’un roi, dont je pense fondamentalement que le peuple français n’a pas voulu la mort.”
Un roi ? Oh, Emmanuel, t’as fumé le fauteuil en osier ou quoi ? T’as trop forcé sur le Bourbon ? On sait depuis ton passage chez Rothschild que tu aimes bien la galette, mais de là à vouloir à tout prix la couronne…
A part soigner ton profil de Giscard d’Estaing (jeune prodige des finances) croisé avec Stéphane Bern (groupie des vieilles baronnes), on voit pas très bien l’astuce dissimulée derrière ce vœu mélancolique. “La Terreur a creusé un vide émotionnel, imaginaire : le roi n’est plus là !”, poursuis-tu.
Des valets, des courtisans et des bouffons, en revanche, on en a à revendre, et de la combinaison des trois tu pourrais sans doute apparaître comme le roi.
Le retour à la monarchie aurait quelques vertus, remarque. Plus besoin de ta loi Macron et de tes autocars à la con. Les pauvres iraient à pied et les nobles en chaise à porteurs, et tous ces illettrés qui ont le mauvais goût d’éviscérer des poulets au lieu de lire Machiavel en VO, qu’on leur donne de la brioche pour aller avec leur piquette. J’espère juste qu’au retour à des températures normales, tu te sentis roi des cons.
Je t’embrasse pas, il fait encore trop chaud.
{"type":"Banniere-Basse"}