Depuis la semaine dernière, on a appris avec effroi que le XVIe arrondissement abritait lui aussi son lot de hooligans, de racailles violentes et menaçantes.
Tu es l’élu éminent d’un parti qui ne manque aucune occasion d’ériger en épouvantails les “racailles” en provenance de quartiers où certains d’entre vous n’aventurent jamais leurs Weston. Promise jadis au Kärcher par le premier d’entre vous, cette engeance encapuchée et notoirement basanée ne serait qu’incivilité et délinquance, débitant l’insulte comme seul langage et usant du repli communautaire comme bouclier à tout appel au “vivre ensemble”.
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Zemmour, Rioufol, Finkielkraut, Onfray et bien d’autres en noircissent depuis des années des pages entières et le tableau d’une certaine France irrécupérable, berceau du terrorisme et du banditisme.
Mondes distants de plusieurs années-lumière
A l’opposé, géographiquement tant que socialement, une enclave parisienne protégée dont tu es le député-maire, le XVIe arrondissement, réputée pour son grand calme et son absence criante de HLM et de commerces de kebabs, observe de loin le zoo humain à travers les reportages du Figaro magazine, de Valeurs actuelles et d’Enquête exclusive. Seuls quelques kilomètres les séparent en diagonale, mais ce sont à l’évidence deux mondes distants de plusieurs années-lumière en termes de comportement et de savoir-vivre.
Quoique. Depuis la semaine dernière, on a appris avec effroi que ton bled abritait lui aussi son lot de hooligans, de racailles violentes et menaçantes, à l’apparence plus blanche qu’un cul de nourrisson finlandais, mais pourtant bien adeptes du coup de poing et de l’insulte. Quant à toi, mon Claude, sous ta toison grise de notable remuait encore le jeune pitbull d’Assas où, dans les sixties, tu donnais des crocs à la périphérie du groupuscule facho Occident.
Des SDF chez les ISF
A l’origine de ce coup de chaud chez les aristos et les grands bourgeois de ces quartiers finalement pas si chic, le projet de la mairie de Paris d’installer un centre d’hébergement d’urgence pour les sans-abri aux abords du bois de Boulogne. Des SDF chez les ISF, il n’en fallait pas plus pour qu’une simple réunion publique dégénère pire qu’une embrouille au métro La Chapelle ou sur la dalle d’Argenteuil.
On a donc vu de respectables sexagénaires brandir leurs petits poings ridés, flanqués de vieilles peaux tirées comme des arbalètes, chahuter les policiers et éructer des amabilités telles que “Hidalgo salope”, “Hidalgo au bois”, parmi d’autres “fils de pute” et “salopards” qui visaient les émissaires de la maire de Paris.
13 000 boules le mètre carré
Chef d’orchestre sournois de cette expédition, tu prétendis que l’absence de dialogue avait eu le don d’exciter ces aimables riverains qui n’ont rien contre les SDF mais qui les préfèrent dans les films de Gérard Jugnot que sous les balcons de leurs immeubles à 13 000 boules le mètre carré.
Il est vrai que le dialogue, sur des bases aussi saines et apaisées, promettait d’être réellement constructif, quand tous ces prétendus généreux des paroisses environnantes faisaient montre bruyamment d’une charité mesurée à l’endroit de leur prochain, signifiant qu’un pauvre avait bien le droit de vivre du moment qu’il aille crever loin de leurs regards.
Je t’embrasse pas, c’est trop thug, ton quartier.
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