Elle avait été pressentie pour mener la liste de LFI aux européennes, avant de se mettre en retrait. Dans un communiqué, elle explique pourquoi elle ne participera plus au mouvement.
C’est une nouvelle secousse pour la France insoumise (LFI). Dans cette période difficile pour le mouvement, après son score jugé “très décevant” par Jean-Luc Mélenchon aux élections européennes (6,5%), Charlotte Girard, ex-coordinatrice de L’Avenir en commun, le programme de LFI, a annoncé qu’elle n’y participera plus. Dans un texte diffusé par la page Facebook “Avec Charlotte Girard”, et relayé sur Twitter par son amie Manon Le Bretton (co-responsable de l’école de LFI), elle fait part de son choix : “Pour ma part, le chemin fléché par la France insoumise s’arrête. J’ai donné tout ce que je pouvais tant que je pensais que l’outil – le mouvement – était conforme au but – la révolution citoyenne. Mais je n’en ai plus la certitude et je n’ai pas la certitude non plus que les efforts qu’il faudrait fournir pour obtenir la refondation interne de l’outil seront au rendez-vous. Que ma défiance ne soit pas un obstacle à l’aspiration au changement et à l’effort de réflexion collective qui aura lieu. De toutes façons il n’y a pas d’autre voie que le collectif.”
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Tristesse. Charlotte Girard quitte donc la France Insoumise. Nous avons mené ensemble un douloureux combat ces derniers mois et je tiens à la remercier pour son courage. Mais nos chemins ne se séparent pas.
Todo pasa y todo queda. Pero lo nuestro es pasar. Pasar haciendo caminos.— manon le bretton (@manonlebretton) June 8, 2019
“Rédaction chaotique du programme”
Depuis novembre 2018, cette figure du mouvement populiste de gauche, longtemps proche de Jean-Luc Mélenchon, a pris ses distances avec l’appareil politique. Pressentie pour être tête de liste aux européennes, elle s’était finalement retirée. Plus tard, elle avait dénoncé la mise à l’écart brutale de François Cocq, qualifié de « nationaliste identitaire » par Jean-Luc Mélenchon. En mars dernier, elle s’était retirée de la coresponsabilité du programme. Dernièrement, le politologue Thomas Guénolé, avait déclaré lors de son propore départ du mouvement qu’elle avait été “placardisée” à LFI. Placée en dernière position sur la liste aux européennes, Charlotte Girard a donc attendu la fin de la campagne pour sortir du silence, et exprimer son désarroi.
Elle fait part notamment de sa frustration à ne pas trouver d’endroit, au sein de LFI, pour exprimer ses doutes sur le fonctionnement du mouvement : “Or ces doutes exprimés lors de la constitution de la liste et de la rédaction chaotique du programme n’ont pas trouvé de cadre où être travaillés et élaborés suffisamment pour qu’il en sorte une perspective claire et partagée ; en l’occurrence une véritable stratégie politique qui oriente à proprement parler la campagne et, au-delà, le mouvement lui-même.”
“Manque de démocratie”
Plus loin, elle dénonce un “manque de démocratie”, et l’impossibilité structurelle de débattre des désaccords qu’elle avait : “La désorganisation, que je ne suis pas seule à déplorer produit une telle perte d’énergie que c’en est désespérant. Or les voies pour y remédier demeurent opaques et difficiles à emprunter. Il n’y a pas de mode d’emploi, ni pour utiliser, ni pour réparer. Il est donc aussi usant de faire que de chercher un moyen de faire. Résultat : tant qu’on est d’accord tout va bien. Mais il n’y a pas de moyen de ne pas être d’accord.”
Selon elle, l’outil politique de LFI n’est plus capable de servir la « révolution citoyenne » qu’elle appelle de ses voeux. La mobilisation des Gilets jaunes, et l’incapacité du mouvement à en faire partie, le prouve : LFI serait “trop tourné vers l’exercice institutionnel du pouvoir, en l’occurrence l’exploitation du seul contre-pouvoir parlementaire que nous avons encore”. C’est la deuxième raison de son départ.
Depuis le 26 mai, Jean-Luc Mélenchon est resté relativement silencieux, attendant que « la poussière retombe », comme il l’explique sur son blog. Le mouvement doit avoir une Assemblée représentative le 23 juin au cours de laquelle cette crise interne devrait être abordée. Mais Charlotte Girard a préféré ne pas attendre : “Il avait été dit que des réponses seraient données après les Européennes. C’est ce qui devrait avoir lieu lors et à la suite de l’Assemblée représentative. C’est une bonne chose si ça arrive.”
Charlotte Girard n’est pas la seule à émettre des critiques. Clémentine Autain, députée LFI, a également fait part des siennes, et a lancé un appel collectif à un « big bang de la gauche ».
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