Alors que les élections législatives approchent en Turquie, un site Internet a mis en ligne des vidéos compromettantes dévoilant des ébats extra-conjugaux de dirigeants du parti d’extrême droite. Depuis le début du mois, dix ultra-nationalistes ont démissionné de leurs fonctions politiques.
Les frasques sexuelles font la Une des journaux du monde entier avec l’affaire DSK. En Turquie, c’est un autre scandale qui intéresse l’opinion publique. La campagne pour les élections législatives, qui ont lieu le 12 juin 2011, est assombrie par une affaire de vidéos sexuellement compromettantes. Les dirigeants du parti d’extrême droite ultra-nationaliste (MHP) sont touchés de plein fouet par cette affaire de moeurs. Depuis début mai, dix responsables du parti ont quitté le pouvoir par crainte de voir leurs ébats extra-conjugaux rendus publics.
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Des images volées montrent en effet des hommes politiques en compagnie de leur maîtresse ou de prostituées. Même si les vidéos restent en général « soft », elles ont des conséquences radicales sur l’avenir de ces dirigeants.
La loi turque n’autorise pas les hommes à avoir plusieurs épouses, la polygamie n’étant pas tolérée. Mais les valeurs familiales priment avant tout dans ce pays religieux et les affaires de moeurs peuvent avoir une grande influence sur les scrutins.
Théorie du complot
Depuis trois semaines, le site Internet Farkli Ülkücülük (« un idéalisme différent ») orchestrait la campagne d’intimidation. Maintenant indisponible, le site s’en prenait principalement au parti d’extrême droite ultra-nationaliste. Chantage et révélations publiques étaient alors les moyens utilisés pour empêcher le parti d’entrer au pouvoir, même si cette machination reste condamnée par tous les partis du pays.
Le groupe qui orchestre les menaces a demandé à Devet Bahçeli, le leader ultra-nationaliste, de démissionner. S’il ne le fait pas, d’autres vidéos encore plus compromettantes pourraient par la suite être publiées. Mais le leader du parti a déclaré qu’il ne cèderait pas au « chantage ».
A qui la chute du MHP peut profiter?
Pour les dirigeants touchés par le scandale, c’est le Parti de la justice et du développement, issu de la mouvance islamiste (AKP) qui est à l’origine des publications.
Il y a un an déjà, l’un des vice-président du parti de gauche (CHP), Deniz Baykal, avait dû démissionner après la diffusion d’un « cinq à sept » dans un hôtel. Dans sa lettre de démission, cet homme de pouvoir de 72 ans déclare que le parti est la cible « d’une tentative d’assassinat de son existence politique, commanditée par l’AKP « . Mais rien ne peut prouver cette suggestion.
Si le 12 juin, le Parti du mouvement nationaliste n’obtient pas 10% des voix lors du scrutin, il perdrait tout représentant au Parlement. L’AKP (Parti de la justice et du développement, issu de la mouvance islamiste) aura ainsi la possibilité de rafler la majorité des sièges. Mais l’assemblée sera aussi composée du CHP (parti de gauche) et de la formation pro-kurde (dont les candidats se sont présentés de manière indépendante).
Pour l’instant, les sondages prédisent une large victoire de l’AKP .
Laura Adolphe
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