“Travailler dans la mode quand on est anorexique, c’est comme être payé pour faire des cocktails quand on est alcoolique,” selon les deux fondatrices de The Chain, plate-forme d’expression réunissant les femmes travaillant dans le milieu de la mode atteintes de troubles du comportement alimentaire.
Grands tabous de la société, l’anorexie, l’orthorexie ou la boulimie – troubles du comportement alimentaire parmi les plus répandus – le deviennent davantage encore sous le prisme d’une industrie obsédée par la taille 34. Guérir de ces maladies au sein des milieux de la mode et des médias, mondes de l’image par excellence, s’avère particulièrement difficile. C’est le constat des créatrices de The Chain, Ruth Friedlander, rédactrice au magazine InStyle, et Christine Grasso créatrice numérique de la marque Revlon, toutes les deux anciennement anorexiques.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
The Chain est un espace de parole où les femmes travaillant dans l’industrie pourront se soutenir et partager leur expérience. La plateforme se veut être un cocon dédié, confidentiel et sûr pour ces malades qui peinent à se soigner par manque de communication sur leur pathologie. Or, parler est le premier pas vers l’acceptation et la guérison, selon les deux initiatrices du projet. Christina Grasso résume son amitié avec Ruthie Friedlander et la naissance de leur projet : « Nous bataillons toutes les deux avec les troubles du comportement alimentaire depuis bientôt vingt ans, et travailler dans l’industrie de la mode est une source incessante de difficultés nouvelles sur la voie vers la guérison. En échangeant ensemble, nous nous sommes vraiment comprises et senties soudées. »
Une initiative rare qui brise un tabou généralisé
“Travailler dans la mode quand on est anorexique, c’est comme être payé pour faire des cocktails quand on est alcoolique”, soulignent les deux fondatrices. En effet, des articles detox aux collections produites en majorité en tailles 34 et 36, l’obsession d’un corps « parfait » fédère la mode et exacerbe alors davantage l’obsession corporelle de celles et ceux qui souffrent au quotidien de troubles du comportement alimentaire. La guérison – déjà difficile – se trouve alors compliquée par l’activité même des malades. D’où l’intérêt d’un réseau solide et compréhensif, dédié spécifiquement à l’industrie de la mode et des médias.
Si les deux femmes ne prétendent pas avoir le pouvoir de changer l’industrie ou ses standards de beauté, The Chain se positionne comme un navire amiral pour toutes celles qui rament entre les injonctions de leurs familles, amis ou médecins et celles véhiculées par leur milieu professionnel : “On nous dit qu’il faut voir sa valeur dans ce que l’on est, notre personnalité, et pas dans notre apparence. Mais en travaillant dans la mode, l’industrie nous intime en quelque sorte le contraire. Je pense donc qu’il est nécessaire de tisser de liens solides entre personnes qui comprennent vraiment cette difficulté, qui peuvent se rassurer entre-elles et se rappeler qu’elles sont, pour de vrai, sur la bonne voie pour guérir« , résume Ruthie Friedlander.
Pour plus d’informations sur The Chain, y compris les modalités d’adhésion, cliquez ici.
{"type":"Banniere-Basse"}