La semaine dernière, une vidéo sortie sur Youtube a donné la nausée à beaucoup. Réalisée par neuf étudiantes de l’école de commerce de Dijon pour un projet collectif, la vidéo prend la forme d’une expérience de rue reposant sur une question cruciale : “Ma façon de m’habiller mérite-t-elle de me faire agresser ?” A la vue d’une jeune fille maquillée, en mini-jupe, avec un haut décolleté et dévoilant son nombril, nombre de passants ont répondu à l’affirmative. « Si elle s’habille comme ça, elle le cherche », « sa façon de s’habiller ne justifie pas le viol mais peut altérer une agression », « c’est jouer avec le feu en connaissant les risques », « la jupe non, c’est trop »,…
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Loin d’être anodines, ces remarques sont la preuve que la culture du viol est toujours omniprésente dans la société française. Niant, justifiant, minimisant et banalisant les agressions sexuelles et viols, cette culture valide les mythes sur le viol, et déresponsabilise l’agresseur. Selon un sondage Ipsos pour l’association Mémoire traumatique et victimologie réalisé en décembre 2015, 27 % des Français assurent que si une femme a une tenue très sexy, le violeur peut être déresponsabilisé. Pire, 40 % des Français pensent que si la victime d’un viol a une attitude provocante en public, cela atténue en partie la responsabilité du violeur.
Rejeter la culpabilité du viol sur la victime
Dans l’expérience de rue réalisée à Dijon, certains passants ont heureusement noté qu’« on ne mérite pas d’être agressé. »
« C’est surtout un problème par rapport aux garçons, pas par rapport aux filles.” « Quelle que soit la tenue qu’elle porte, ce n’est pas normal ». « Personne n’est provocant ».
Alors que la société responsabilise les filles sur un viol éventuel, les garçons sont beaucoup moins sensibilisés à cette thématique. Pourtant, eux seuls sont les coupables d’un viol. Le mythe d’une sexualité masculine pulsionnelle, irrépressible et violente (validé par 61 % des Français et 65 % des Françaises selon le sondage Ipsos de décembre 2015) n’est en rien inhérent à la « nature masculine ».
Des sociétés sans viol, respectant le consentement
En France, malgré le mythe du « vrai viol » (commis par un inconnu armé, dans une ruelle sombre contre une femme provocante), les femmes sont beaucoup moins en danger dans la rue que dans des espaces privés. D’après le sondage Ipsos de décembre 2015, 90 % des victimes de viol connaissent leurs agresseurs, et 58 % des viols sont perpétrés au sein du couple. 98 000 viols ou tentatives de viols sont commis sur des adultes (dont 14 000 sur des hommes) chaque année en France.
L’expérience de rue menée à Dijon ne fait que renforcer le constat. Alors que le consentement est très aisément compréhensible (et peut même être expliqué avec une tasse de thé, voir ci-dessous), le sexe sans consentement n’est toujours pas considéré comme un viol.
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