Quelques centaines de partisans sont venus écouter au pied de Jeanne d’Arc le discours, partiellement inaudible, du président d’honneur du FN visiblement diminué.
Il ne restait plus que les irréductibles. Ce lundi 1er mai au matin, 300 à 400 sympathisants d’extrême droite sont venus écouter le discours du patriarche frontiste au pied de la statue de Jeanne d’Arc, « le plus grand homme de l’histoire de France« , selon les termes employés de Jean-Marie Le Pen.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Toutes les nuances de l’extrême-droite
Le rendez-vous était donné à 10h devant le Palais Royal. Mais l’heure venue, la place était encore très clairsemée quand les drapeaux français ont été distribués. Bombers et crânes rasés côtoyaient des têtes grisonnantes, tous entourés par un important dispositif de sécurité. Parmi les premiers arrivés, deux jeunes d’une vingtaine d’année, habitués du 1er mai, ont fait le déplacement pour voir Jean-Marie Le Pen : « Je le préfère à Marine, déclare une petite blonde aux cheveux bouclés, déçue du score de la candidate du FN : je pensais que les Français avaient compris la leçon. Mais non, rien ne change« , déplore-t-elle avant de se fondre dans les rangs du Parti de la France de Carl Lang.
Vers 10h30, quand le cortège se met en marche pour parcourir les 444 mètres qui séparent le Palais Royal de la place des Pyramides, le parti dissident gonfle les rangs arrières. Aux cris de « Bleu Blanc Rouge ! La France aux Français ! » et « L’islam hors d’Europe« , ses sympathisants tentent une démonstration de force dans le calme. À leurs cotés, des jeunes vendent le journal de l’Action française. Plus loin, le drapeau tricolore côtoie les insignes royalistes, quelques étendards régionaux et une bannière du « Front libéré », autre mouvement dissident du FN. Rue de Rivoli ce matin du 1er mai, toutes les nuances de l’extrême-droite tentent de se montrer.
« C’est sûrement la dernière fois qu’on voit Jean-Marie »
Mais parmi les manifestants, beaucoup sont surtout là pour voir le « Menhir » : « Il n’est plus tout jeune et très affaibli, c’est sûrement la dernière fois qu’on le voit, justifie un homme d’une trentaine d’années, venu de Bretagne après l’avoir manqué à deux reprises dans sa région natale. On sent la différence de génération avec Marine : Jean-Marie Le Pen, c’était la détestation du politiquement correct« , souligne-t-il un brin nostalgique. Alain Escada, président de Civitas, était également de la partie, venu « par loyauté » et « estime » : « Je suis venu pour rappeler que c’est lui qui incarne le véritable discours du FN et pas sa fille. (…) Elle n’a cessé de donner des gages au système et elle a accepté d’être phagocyté dans le néo-FN par le lobby LGBT, sioniste et franc-maçon. » Entre deux tracts, un skinhead du groupuscule « Dissidence française » encense le fondateur du FN : « Il dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas. »
Micro coupé pendant 20 minutes
Ironie du sort, Jean-Marie Le Pen aura eu bien du mal à se faire entendre. Après le dépôt d’une gerbe et quelques instants de recueillement au pied de la statue de Jeanne d’Arc, le président d’honneur du FN entame un discours en son honneur. Mais à peine 10 minutes plus tard, le micro se coupe. Le patriarche continue pendant près d’une minute devant une assemblée gênée de voir qu’il ne s’en rend pas compte : « Patron ! Garde ton énergie !« , crie-t-on dans l’assemblée tandis que d’autres pointent un complot : « ça ne nous empêchera pas d’aller voter« , grommelle un autre.
Il faudra près de 20 minutes aux ingénieurs pour réparer la sono. Vingt très longues minutes pendant lesquelles Jean-Marie Le Pen continuera, totalement inaudible pour la quasi-totalité de la foule, tantôt à prononcer son discours, sinon à faire quelques blagues ou entonner le Chant du départ.
Une fois les micros rebranchés, le cofondateur du FN, vêtu de son immuable parka rouge, déroule un discours aux accents nationalistes :
Le patriotisme, disent d’aucuns, c’est l’amour de la patrie et le nationalisme, c’est la haine des autres. Mais non, messieurs du système, comme le patriotisme est l’amour de la patrie, le nationalisme c’est l’amour de la nation, a-t-il lancé.
Marine Le Pen, « ce n’est pas Jeanne d’Arc«
Puis, Jean-Marie Le Pen a poursuivi en fustigeant les politiques d’immigration depuis les années 1970, l’implantation de l’islam (« partout, la charia exerce une pression constante« ), les « étrangers assistés » et les « zones de non-droit » avant d’énumérer les vingt points de la Charte de son comité Jeanne, lancé après son exclusion du FN en 2015. Applaudissements fournis lorsqu’il propose l’abrogation de la peine de mort, des lois mémorielles et de la loi Taubira.
« Je ne suis pas xénophobe, je suis francophile », a-t-il également déclaré, plaidant pour un « sursaut sanitaire ».
Enfin, tardivement, le père de la candidate FN a fini par évoquer la présidentielle. Qualifiant Emmanuel Macron, « énarque pantouflard fabriqué et propulsé par les médias« , « bobo de gauche » et « candidat de Hollande et Soros« , il a appelé à voter pour sa fille, sans toutefois faire preuve d’un enthousiasme débordant :
Ce n’est pas Jeanne d’Arc mais elle accepte la même mission que celle de Jeanne. Elle aime et elle a choisi la France, a-t-il déclaré au sujet de Marine Le Pen, « une fille de France »
Plus étonnant, le paternel n’a prononcé qu’une seule fois le prénom de sa fille, lors de la conclusion de son discours : « Vive Jeanne, Vive Marine, Vive la République et Vive la France« , a-t-il déclamé avant d’entamer une Marseillaise et de conclure par un semi-tonitruant : « Jeanne, au secours !« . Le discours s’est achevé peu avant 13h, la foule s’est rapidement dispersée.
{"type":"Banniere-Basse"}