Ils sont quelques milliers à être déplacés à la Pyramide du Louvre dimanche 7 mai 2017 pour fêter la victoire de leur candidat, Emmanuel Macron. Une foule en liesse, malgré le froid et l’attente.
Il manie son vélib comme personne. Doudoune verte et sneakers à trois bandes aux pieds, le trentenaire se dresse en danseuse à l’orange avenue de Rivoli, ralentit sur les carrefours dangereux. Aux abords du Louvre, il sort son smartphone. « Vous savez où il y a des emplacements libres? C’est pour le rassemblement », demande, sourire aux lèvres, le cycliste aguerri. Le 7 mai 2017, Emmanuel Macron a décidé d’organiser son rassemblement à la Pyramide du Louvre.
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Un rassemblement pro-européen
Peu avant les résultats, une foule immense patiente devant le jardin des Tuileries. Ils sont venus en famille et attendent tranquillement que les organisateurs ouvrent les portes, drapeaux jaune et bleu à la main. Pour les trois étudiants en droit, tout comme leurs parents, c’est la question européenne qui a déterminé leur choix. « C’est le seul candidat pro-européen, justifie la mère, enseignante en arts du spectacle. Je tenais à être présente ce soir car ce résultat historique. C’est comme en 1981, c’est un tournant. »
Trois jeunes femmes remettent un béret bleu, un blanc et un rouge et un drapeau européen sur le dos. Elles ont dû les retirer le temps de passer les portiques de sécurité. Victoria, Charline et Marie travaillent comme responsable digital marketing et designers. « Nous sommes toutes européennes convaincues, raconte Victoria. Nous avons fait le choix du non repli sur soi et contre la peur ce soir! » Au loin, les résultats tombent. C’est Emmanuel Macron qui l’emporte avec un peu plus de 65% des suffrages. Leurs visages s’illuminent et d’un coup, elles accourent vers la foule, comme ivres de joie.
« On lui laisse le bénéfice du doute »
Jean-Paul est venu rendre visite à sa fille à Paris pour le weekend prolongé. A 62 ans, le Tourangeaux d’origine a voté Emmanuel Macron aux deux tours. Il confesse, rieur, qu’il aurait préféré « aller à un concert des Stones ».
« Plus sérieusement, c’est un événement historique de notre vie politique. Il faut arrêter avec les vieux cons comme moi. C’est le moment de passer le flambeau aux jeunes. J’ai voté ‘pour quelqu’un’ pour la première fois de ma vie. » Jean-Paul, 62 ans.
Soucieuse de se détacher des sondages, Léa a préféré voter Benoît Hamon au premier tour. « J’ai fait un comparatif des programmes sur internet et j’ai voulu suivre mes résultats. Je ne voulais pas voter utile, pas à 21 ans », justifie-t-elle.
Sous les lampadaires du Louvre parsemés dans la foule, deux fonctionnaires agitent des drapeaux français trouvés un peu partout sur le site. Leur vote pour l’ex-ministre de l’Economie fut un choix raisonné, plus qu’une réelle adhésion à son projet. « Il fallait faire barrage. Cette femme me fait peur. Elle est raciste, homophobe, sa vision de la famille est archaïque. Alors même si tout ne me convient pas chez M. Macron, je ne pouvais pas laisser passer la haine. »
Concert et attente
Dans le froid (à peine une dizaine de degrés), les supporters attendent voir leur champion. Dans la foule, beaucoup d’étrangers sont aussi venus fêter ce moment historique avec les Français. Antonia et Francesca sont allemandes et craignaient pour l’avenir de l’Europe. « Nous étions inquiètes parce que nous savions que pour Marine Le Pen, ça n’allait pas être la même chose que son père face à Chirac en 2002. Nous voulions être là, avec les Français, pour voir combien ils seraient heureux ou non » explique Francesca, 55 ans.
Les concerts s’enchaînent, et Emmanuel Macron n’arrive toujours pas. Cris Cab, protégé de Pharrel Williams, répète deux fois sa reprise d’English Man In New York. Suivent deux DJ qui maintiennent la foule en liesse, malgré quelques retombées. A 22h, l’Hymne à la joie commence, annonçant l’arrivée du futur Président. « C’est l’hymne de l’Europe », « c’est l’Hymne à la joie », devine-t-on dans le public. « Très bon choix tu ne trouves pas? » demande une femme à son compagnon, bras levé agitant son drapeau. Un peu avant la fin du discours, certains prennent de l’avance pour ne pas être bloqués à la sortie. Loupé, il faudra quand même une vingtaine de minutes pour s’échapper.
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