Le 1er mai dernier sur la place de la Contrescarpe, lorsque Alexandre Benalla a frappé un jeune couple, le photographe Naguib Michel Sidhom était présent. Il nous raconte.
Que s’est-il passé le 1er mai dernier sur la place de la Contrescarpe ? Pour Naguib Michel Sidhom, photographe et ancien journaliste de l’AFP et du Monde, une chose est sûre, ce jour là, « le fauteur de trouble numéro 1 c’est Benalla. » Il a été témoin de la scène depuis le balcon de son appartement qui donne sur la place du Ve arrondissement de Paris. Il est presque 20 heures lorsque que M. Sidhom entend du bruit sur la place. En bon photographe de presse il se munit spontanément de son appareil photo et se protège avec un masque « pour éviter les conséquences des lacrymogènes ». Alors il shoote et immortalise la scène – « 141 photos transmises à la police » – notamment celles où Alexandre Benalla frappe violemment un couple de jeunes. Des faits pour lesquels le proche collaborateur d’Emmanuel Macron vient d’être mis en examen suite aux révélations du Monde le 18 juillet dernier.
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Déchainement de violence
Le 1er mai dernier une centaine de personnes se retrouvaient en fin de journée sur la place de la Contrescarpe autour d’un apéro-citoyen. Au bout de quelques minutes, « environ un millier de personnes » étaient présentes selon Naguib Michel Sidhom. L’atmosphère est « relativement calme » et « les gens, très jeunes, ont été fouillés » par les CRS présents sur place. « Il n’y a pas, me semble-t-il, de danger imminent », détaille-t-il. Le couple de jeunes qui seront plus tard frappés par Alexandre Benella sont « souriants », « ils observent, ils ont l’air d’être là un peu par hasard ». Il y a alors une première charge des CRS qui tentent de disperser la foule, explique le photographe pour qui la manœuvre ne « semble pas tellement justifiée ». Le jeune homme invective les CRS « je n’entends pas ce qu’il dit mais je le photographie en gros plan », détaille M. Sidhom. Le couple sort ensuite de son champ de vision, « mais ils jettent sur les forces de l’ordre du verre pris sur les tables des terrasses comme j’ai pu le voir sur des vidéos ces jours-ci ».
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Il raconte qu’ensuite Alexandre Benalla les désigne du doigt avant que les CRS ne les prennent en chasse. « C’est bien lui qui donne l’ordre », insiste le photographe. Le collaborateur d’Emmanuel Macron ramène d’abord la jeune femme et « par un mouvement de jambes il la force à se mettre à terre ». Au même moment, « Vincent Crase (un employé de LREM également mis en examen pour « violences en réunion », ndlr) et une demi-douzaines de CRS ramènent le jeune homme qui fait un peu de résistance passive. » C’est alors qu’Alexandre Benalla déboule. Et se passe la scène dont les images ont tourné en boucle ces dernières semaines. « Il commence par essayer de traîner le garçon par terre, qui ne se laisse pas faire. Et c’est là qu’il se déchaîne en le frappant, y compris lorsqu’il réussit à le mettre à terre ». Le jeune homme se relève difficilement, récupère sa chaussure perdue sous les coups et rejoint son amie qui était retenue par Philippe Mizerski, membre de l’état-major de la direction de l’ordre public de la préfecture de Paris, habillé en civil.
« C’est Alexandre Benalla qui mène les opérations »
« C’est alors que six CRS les rejoignent et les poussent à un autre côté de la place, vers la rue du Cardinal Lemoine. » Et c’est de nouveau un déchaînement de violence. « Au lieu de les immobiliser ou de les menotter s’ils estiment qu’ils sont trop agités, ils leur donnent des coups de pieds alors qu’ils sont à terre ». Pour Naguib Michel Sidhom, les choses sont claires « plus je regarde mes photos, et plus je vois bien que c’est Alexandre Benalla qui mène les opérations ce 1er mai : il parle aux CRS, il donne des consignes en pointant du doigt… » Il ajoute : « il ne vient pas en aide à des CRS en danger. Je pense vraiment que s’il n’avait pas été là, la situation n’aurait pas dégénéré, les CRS seraient restés stoïques. » Selon M. Sidhom, si les CRS obéissent autant au collaborateur d’Emmanuel Macron, c’est parce que « Philippe Mizerski est là et le laisse diriger ». Il conclut : « Ce jour-là, Benalla, qui agit en tant que représentant du président de la République a mis de l’huile sur le feu ».
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