Regroupées sous le label Cittaslow, quelques 200 villes à travers le monde revendiquent la lenteur comme art de vivre. Avec pour logo un escargot, le label Cittaslow, créé en en 1999 par Paolo Saturnini, alors maire de la petite commune de Greve in Chianti, en Toscane, résume bien la philosophie de ses affiliées : vivre […]
Regroupées sous le label Cittaslow, quelques 200 villes à travers le monde revendiquent la lenteur comme art de vivre.
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Avec pour logo un escargot, le label Cittaslow, créé en en 1999 par Paolo Saturnini, alors maire de la petite commune de Greve in Chianti, en Toscane, résume bien la philosophie de ses affiliées : vivre moins vite et plus sainement en respectant l’environnement et les saisons, l’(agri)culture et la gastronomie locales… un credo adopté par une poignée de villes françaises enthousiastes.
Pour obtenir ce label, les municipalités doivent répondre à au moins 50 % des 71 critères exigés par l’association, tels que l’absence de pesticides et d’OGM, l’accessibilité des infrastructures aux personnes handicapées, la mise en place de pistes cyclables, la réduction de la vitesse autorisée, la mise en valeur des produits du terroir… la liste est longue, mais elle est permet à chaque commune de l’adapter à son environnement, à ses spécificités et ses besoins, et à sa taille, car si les villes françaises labellisées oscillent entre 3 000 et 15 000 habitants, Trani, en Italie, en compte 60 000.
Située à 25 km de Bordeaux, la commune de Créon (4 300 habitants) a rejoint Cittaslow en 2012. “Le village est particulièrement traversé par les voitures, c’est un problème. Rejoindre Cittaslow a permis de se couper de l’idée de la vitesse” indique le maire, Pierre Gachet. Trottoirs à la même hauteur que la route “pour ne pas que la voiture pense que la route est à elle, centre-ville limité à 20 km, ancienne voie ferrée transformée en piste cyclable, location de vélos par la mairie et fort maillage associatif, l’élu considère la charte Cittaslow comme “une boussole qui (lui) permet de s’orienter et de penser différemment”. Les efforts déployés pour promouvoir le vélo ont d’ailleurs été récompensés par une hausse du tourisme.
Élément crucial de la philosophie Cittaslow, l’alimentation et la restauration sont au cœur des préoccupations des villes labellisées. « Nous ne sommes pas opposés à certaines entreprises par principe ou par idéologie, mais de notre point de vue, l’alimentation de type fast food est complètement erronée, tant pour l’économie locale que globale, et ceci à moyen terme » explique Pier Giorgio Oliveti secrétaire général de l’association. « C’est une mauvaise chose d’imposer une façon unique de se nourrir à travers le monde. Ce n’est pas viable d’un point de vue énergétique, sanitaire, ou pour l’économie locale ».
S’ils ne peuvent pas légalement interdire à des firmes telles que Mc Donald’s ou Starbuck de s’implanter, les communes cittaslow s’efforcent de promouvoir les produits du terroir. Car si Blanquefort, autre commune girondine cittaslow forte de 15 000 habitants compte un Mac Donald’s, la municipalité multiplie les actions en faveur de la gastronomie locale avec la création d’un atelier de cuisine nomade, un festival « Toques de rue », des produits bios dans les cantines scolaires ou encore des cours de cuisine destinés aux jeunes pour fabriquer des hamburgers bios.
« La charte Cittaslow n’interdit pas la restauration rapide proprement dite, elle insiste plutôt sur la qualité de la matière première. Notre avis est qu’il faut un juste équilibre et répondre à tous les besoins tout en impulsant une politique en faveur du bien-manger. Il est impossible de tout interdire, et ce serait contre-productif » révèle Fabienne Bidalot, Chef de Cabinet du Maire.
A Mirande (3 664 habitants), dans le Gers, l’accent a été mis sur la sauvegarde de métiers (maréchal-ferrant, sellier) et d’élevages (race bovine La Mirandaise, porc noir, poule gasconne) en voie de disparition, parallèlement à la promotion du concept de « slow food » (respect de la biodiversité alimentaire et écogastronomie) dans ses diverses manifestations culturelles. Si elles souhaitent vivre lentement, les villes Cittaslow ne sont, cependant, ni hors du temps, ni tournées vers le passé. L’accès aux nouvelles technologies (internet par fibre optique, développement de l’énergie solaire, modernisation des stations d’épuration etc..) par exemple, demeure un critère des plus importants, et l’ensemble de la population doit pouvoir bénéficier des politiques mises en place.
« Cittaslow est une forme de résistance active qui doit nous permettre d’éviter la destruction de nos identités tout en étant équitable et en préservant la justice sociale » affirme Pier Giorgio Oliveti, avant de conclure : « C’est possible. Nous en sommes la preuve vivante ».
Camille Warmé
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